Coiffes, Costumes, Etiquettes

            

Après un passage par le Cantal et ses belles étiquettes parfois délaissées par les collectionneurs, avec notre ami le regretté Etienne de Banville, après une présentation de bons de tirage et c’était une première, par Pascal et Catherine Caqueret, après la très belle exposition de Michelle Mangin consacrée à JEANNE D’ARC, Nous vous présentons sur cette page, Michelle Mangin et moi-même, une exposition sur les COIFFES DE NOS RÉGIONS. Afin d’éviter les erreurs nous avons consulté de nombreuses personnes et investi dans l’achat de livres, comme par exemple celui de Pierre Hélias, ce grand spécialiste de la bretagne. Nous vous souhaitons beaucoup de plaisir avec ces images que nous modifierons régulièrement jusqu’à la fin de l’expo en décembre 2011.

LES COIFFES NORMANDES [Georges Dubosc, 1924]

Après avoir consacré une chronique à décrire l’ancien Bonnet de coton, coiffure ordinaire des Normands, comment ne pas chanter le los des anciennes coiffes normandes, si élégantes, si originales, si variées, suivant les terroirs et les pays, comme les coiffes bretonnes, mais d’une autre somptuosité décorative ? Elles n’apparaissent plus dans toute leur grâce frèle et légère, mais cependant, dans quelques grandes fêtes, comme celles de Deauville, dans quelques bals normands, ou quelques réunions enfantines, on les revoit avec plaisir, sans trop connaître toutefois leurs origines, leur histoire, et surtout leur diversité et leur fantaisie élégante. Le véritable point caractéristique de la toilette normande, c’était cependant le Bonnet cauchois, la grande coiffe de mousseline qu’on rencontre, du reste, partout. Du Pays de Caux à l’Avranchin, du Roumois au Cotentin, c’était toujours la même disposition en hauteur, qui ajoutait encore à la stature de la femme normande, qui a toujours été de belle taille, tant qu’elle a vécu aux champs.

   

Michelet, qui a souvent parcouru la Normandie, n’a eu garde d’oublier cette belle allure des Normandes, grandies encore par leur bonnet. Le bonnet triomphal des femmes de Caux, a-t-il dit, qui annonce si dignement les filles du Conquérant de l’Angleterre, s’évase vers Caen, s’aplatit à Villedieu. A Saint-Malo, il se divise et figure au vent, tantôt les ailes d’un moulin, tantôt les voiles d’un vaisseau. Qu’était-ce au fond que cette coiffure de toile, majestueuse, riche et variée ? Qu’était-ce, sinon un souvenir du hennin du moyen âge, qui, lui-même, d’après Maillot dans ses Recherches sur le costume, s’était inspiré des hauts bonnets coniques des femmes de la Syrie et de la Phénicie antique ? Et, ainsi à travers les âges, le Bonnet du pays de Caux va rejoindre la tiare de Salammbô !... Moins fastueux que les hennins d’Isabeau de Bavière, moins hauts et arrogants que les Cornes merveilleuses que les fougueux prédicateurs du Moyen Age, entre autres Pierre de Clémangis, maudissaient comme les « cornes du diable », les bonnets normands, avaient gardé les grandes lignes des hennins d’autrefois, tempérées et modérées toutefois par la sagesse du terroir et parés d’une grâce plus légère.

   

    

Le véritable type de cette coiffe normande, c’était surtout le Bonnet du pays de Caux. Mme Amable Testu, qui fut une des agréables poétesses du romantisme,  le décrivait ainsi : « Les cheveux relevés avec soin, sont couverts d’une petite toque en drap d’or ou d’argent, sur laquelle s’attachait un grand voile de mousseline, dont les barbes descendaient jusqu’à la ceinture, bordées de dentelles de Valenciennes ou d’Angleterre. » Le fait est vrai, car il y avait certaines coiffures de noces ou de fêtes des riches fermières, valant jusqu’à 1.000 ou 1.500 francs, selon les dentelles qui les ornaient. Et dans le pays de Caux, tels de ces bonnets splendides, arboraient jusqu’à neuf aunes de dentelles !

 

Les dentelles qui paraient les sabots de drap d’or des Bonnets cauchois étaient, contrairement à ce que dit Mme Amélie Bosquet, de merveilleuses dentelles normandes d’Alençon, au point de France, ou des pièces d’Argentan, que les Normandes se transmettaient de mères en filles. Les ateliers de dentellières créés en Basse-Normandie vers 1655 par Colbert, furent, en effet, très vraisemblablement l’origine des coiffes normandes. On a souvent dit qu’elles dataient du commencement du XIXe siècle. A notre avis, la Coiffe normande a été adoptée en pays normand, bien antérieurement, et il y avait à l’Exposition du Millénaire normand, en 1911, un tableau de Lemonnier, appartenant, croyons-nous, au comte de Bagneux, qui représentait vers la fin du XVIIIe siècle, une Nourrice normande tenant un petit enfant dans ses bras, qui portait un superbe Bonnet cauchois d’apparat, dont on pouvait examiner les moindres détails, reproduits avec un très grand soin. Les cornets de drap d’or, les carcasses des coiffes cauchoises, brodées parfois au point de couchure, agrémentées parfois aussi de cabochons, de paillettes brillantes, ont souvent été conservées. On en trouve dans l’intéressant musée Voisin, de Fauville, dans les musées de Caudebec-en-Caux ou de Fécamp, dans les petites vitrines de certaines collectionneuses. Mais il est plus difficile de rencontrer des Bonnets Cauchois complètement montés. Comment retrouver l’agencement presque traditionnel et spécial, suivant les terroirs et les paroisses, de ces fouillis de dentelles et de barbes retombantes ? C’était chose très difficile… et il nous souvient que lors d’une Exposition de coiffes normandes authentiques, à Rouen, on fut très heureux de retrouver – il y a une vingtaine d’années – une vieille brave femme qui de ses pauvres doigts gris que fait trembler le temps voulut bien retrouver les plis, les plissés, les complications d’un bonnet bas-normand. Il est à remarquer que pendant la Révolution, les Normandes ne modifièrent pas la forme de leurs coiffes et, dit le Dr Stephen Chauvet, dans sa Normandie ancestrale, n’adoptèrent pas les coiffures révolutionnaires. Le bon sens et le traditionalisme de nos compatriotes triomphèrent de la mode.

Comment un tel édifice de dentelles, de toile et parfois de rubans pouvait-il tenir sur la tête des belles Normandes ? On peut s’en rendre compte par un dessin Les préparatifs de la fête villageoise. Sous le bonnet, on plaçait, en effet, une sorte de serre-tête, une bande de toile étroite, parfois ruchée sur le devant, fixée fortement par derrière. C’est sur ce frontal qu’on assujettissait la cornette de drap d’or et la haute coiffure aux barbes flottantes, par de grandes épingles d’or, comme les épingles de chapeau, traversant la chevelure de part en part. Très souvent encore, le bonnet était aussi retenu par des brides de velours noir, fort seyantes, passant sous le menton, des gorgières, des mentonnières, et parfois sur le front, par des ferronnières. Les simples coiffes normandes qui n’étaient pas fixées sur les cornettes de drap d’or ou d’argent, dit le docteur Stéphen Chauvet, étaient montées sur des fonds de carton, recouvert généralement d’un papier bleu glacé, qui emboitaient la tête. Sur le bord antérieur de ces fonds de coiffe, étaient placés de petits ornements de cuivre, des feuilles, des fleurs, des abeilles. Sur ce carton étaient attachés des fils de cuivre, toute une armature qui soutenait intérieurement la coiffe et lui permettaient d’avoir sa forme particulière. A l’arrière de la coiffe – et Lanté en a donné plusieurs exemples – se trouvait un noeud de ruban de soie dont les deux bouts pendaient sur la nuque.

     

    

     

Si diverses, si originales, si variées furent les coiffes normandes de jadis, si fantaisistes parfois qu’il a toujours été difficile de les classer et même parfois de les décrire. En les examinant cependant de plus près, on s’aperçoit qu’elles ne sont que les transformations d’un type très simple, modifié souvent par le caprice et parfois les écarts d’un goût qui tombe dans l’exagération. Quelques auteurs et dessinateurs s’en sont seulement occupés. C’est le dessinateur Lalaisse, dans ses belles lithographies coloriées de la Normandie illustrée. Ce sont les dessinateurs des Français peints par eux-mêmes - notamment Hippolyte Bellangé et Pauquet, dans la monographie du Normand, par Emile de la Bedollière. C’est Edouard Vasse, dans une très belle série de dix grandes lithographies coloriées, dans un album paru chez Aubert.

C’est Hyacinthe Langlois qui a donné quelques costumes de Pont-de-l’Arche. C’est Théodore Liebart dans son livre paru en 1906, sur le Costume normand. C’est Masson de Saint-Amand, qui orne son amusant volume sur l’Estuaire de dessins coloriés représentant certains costumes. C’est encore le lyrique poète Charles-Théophile Féret, qui, en vers improvisés, a chanté tous les glorieux bonnets d’antan. C’est encore de nos jours Les Usages et coutumes de Dieudonné Dergny, toute une suite de coiffes dessinées naïvement par Winkler : coiffes de Granville, Bretteville-l’Orgueilleuse, Cherbourg, Neuville, Formerie, Montfort-sur-Risle, Isigny, Etrépagny, Preuseville, Foucarmont, Conches, Bayeux, Les Andelys, Saint-Valery, Alvimare, Pont-l’Evêque, Menneval, Ivry, Le Tréport et bien d’autres encore.

 

LES COIFFES BRETONNES [Pierre Hélias, 1954]

TOUTE l’histoire de la coiffure féminine se résume dans une lutte entre le désir de séduction de l’Eve éternelle, cet instinct profond qui la porte à s’enorgueillir de son visage, de sa chevelure, de sa peau, et les forces qui lui commandent la pudeur et la protection de sa tête. << Il serait plus facile de compter les abeilles de l’Hybla et les glands d’un chêne touffu que les mille espèces de coiffure des femmes >>, ironise le poète Ovide. Entendez qu’il s’agissait des bijoux, peignes, fibules et cosmétiques destinés à mettre en valeur les cheveux et non point de ce qui devait servir à les voiler. Le voile, qui est déjà. une coiffe, a toujours été, et demeure toujours, l’emblème de la réserve pudique, du respect religieux et du deuil. Quand le vieux Tertullien, docteur de l’Eglise (De Cultu Feminarum), tonne contre la coquetterie, il n’ignore pas qu’une tête de femme, découverte et parée, est une arme efficiente du Tentateur. Voila, d’abord, ce qu’il ne faut pas perdre de vue quand on veut parler des coiffes.

Il serait, d’ailleurs, parfaitement illusoire de remonter aux origines d’une évolution aussi capricieuse et complexe que celle d’un phénomène de mode. Mais, si l’on regarde les coiffes bretonnes avec quelque attention, on ne tarde pas à identifier en elles quatre éléments qui se retrouvent, presque intacts, dans la coiffe des Sœurs Grises et dans la jubilinen des îliennes de Sein, comme ils se reconnaissent aussi dans les coiffes d’autres provinces et jusque dans certains couvre-chefs masculins. Ce sont les éléments mêmes qui apparaissent avec le plus de netteté dans une ancienne capeline très portée au cours du Moyen Age et dont nous savons qu’a telle époque, sous Louis VII par exemple, les hommes s’accommodèrent aussi bien que les femmes. Elle se composait essentiellement d’un bandeau en avancée sur le visage et prolongé par des barbes qui retombaient sur la poitrine, d’un fond à office de bonnet pour ramasser les cheveux et d’un bavolet couvrant la nuque et une partie des épaules. Son rôle était double : de toute évidence elle servait, d’abord, de protection contre le soleil et la pluie, le froid et le vent; mais on lui demandait aussi de préserver la pudeur féminine, de dérober aux regards les cheveux et la peau, ces << allumettes du diable >>. Elle était un attribut et un garant de modestie. Or, à mesure que les femmes s’émancipèrent, le bandeau recula sur la tête, libérant des mèches et des boucles de plus en plus visibles et arrangées avec un art séducteur. Une chanson bretonne en pénètre la raison. << Les coiffes d’aujourd’hui, dit-elle, se portent au sommet de la tête pour montrer aux jeunes hommes que l’on a des cheveux blonds:  << Ar c’hoefou, vel breman, laket war gern ar penn da ziskouez d’ar baotred ez eus bleo melen. >>

     

     

Les barbes s’allégèrent, dénudant la gorge, et finirent par se relever en coques, ce qui avait pour premier avantage de mettre les femmes à l’aise dans les travaux domestiques. Le bavolet disparut, pour la plus grande gloire du cou dont la délicatesse fut mise en valeur par Œhypocrites et aguichantes collerettes. Les prédicateurs, en Bretagne, eurent beau se livrer en chaire à d’éloquentes vitupérations, la coiffe finit par oublier son rôle de protection pour ne plus être qu’un ornement, un orgueil, une coquetterie. De fines lingeries, des dentelles frémissantes couronnèrent les têtes, plus ajourées, plus aériennes d’une génération à l’autre. L’éternel féminin avait gagné et, avec lui, l’accessoire, comme souvent, a vaincu l’essentiel. On ne sait trop, en la matière, si l’on doit en gémir ou s’en féliciter. On a pu avancer que la capeline, coiffure quotidienne, utilitaire et quasi-universelle, avait donné naissance à la foule des coiffes, mais que les plus prestigieuses devaient leur origine au hennin démesuré du quatorzième siècle, coiffure de fête et de grande aristocratie. C’est possible. Cependant le hennin, à supposer qu’il ne soit pas une interprétation exacerbée de la capeline, ne saurait constituer qu’une exubérante et audacieuse exception dont la capeline demeure la règle, pour la raison bien simple que les quatre éléments dont nous venons de parler répondent à ce que l’on pouvait, à l’origine, demander à la coiffe. Apparemment, ce sont donc les avatars de la capeline que nous offrent simultanément les nombreuses coiffes bretonnes d’aujourd’hui, même celles qui évoquent de plus près le hennin. Les quatre pièces figurent immuables, dans les familles de capots, si largement représentées dans le Morbihan, et qui demeurent fidèles à leur rôle initial de vêtement protecteur, tandis qu’à voir palpiter des frissons arachnéens sur certaines chevelures cornouaillaises, on peut craindre, avec Charles Chassé, que ces élégants prétextes ne finissent par s’évanouir dans l’atmosphère. Entre ces deux extrêmes, fleurissent des dizaines de formes dont la diversité provient uniquement des divers traitements que chaque terroir a fait subir à chacun des éléments de la capeline. Les barbes subsistent toujours, certaines portées à des dimensions de voilures, d’autres rétrécies et atrophiées, tantôt pendantes en mentonnières, tantôt relevées et retenues par nœuds ou épingles sur le haut de la tête ou vers la nuque (chinkellou, pastellou, lostou, tronsou, etc.) Le fond, partie essentielle, puisqu’il doit contenir les cheveux et fixer l’ensemble, s’écarte quelquefois très loin de la tête, s’amollit, se relâche, ou s’érige superbement, quelquefois renforcé de carton, d’une plaque d’étain, de fil de fer, à moins qu’il ne serre étroitement le chignon ou ne s’y applique en simple rond de dentelle brodée à quoi se réduisent certaines coiffes de tous les jours (paket, poch, koefbihan, etc.) Le bandeau, ou visagière (ar visachen), l’orsqu’i1 ne s’est pas maintenu intégralement, a été plus souvent et plus largement sacrifié jusqu’à n’être plus qu’un liseré. Quant au bavolet, qui s’est conservé dans les capots, il est parfois difficile d’en retrouver la trace, si trace il y a. Mais il y a quelques raisons d’admettre que, dans certains cas, il s’est simplement détaché de la coiffe pour devenir collerette. Est-il besoin de préciser que ces variations sur un quadruple thème sont profondément révélatrices, non seulement des particularismes locaux et des conditions de vie de chaque terroir, mais aussi des normes générales de la civilisation du monde dont la toilette des femmes est un thermomètre infaillible ! Du fait que les coiffes sont aujourd’hui portées presque exclusivement par des paysannes, il ne faudrait pas conclure qu’elles furent toujours un signe de paysannerie. Un coup d’œil sur un livre d’histoire nous les montre sommant, avec quelle grâce, les têtes de nos reines et de nos dames du temps jadis. Du moyen âge à la Révolution, les enluminures des manuscrits, le ciseau des sculpteurs, le crayon ou le Pinceau des peintres témoignent hautement que la coiffe avait la faveur des grands. Par un phénomène très normal et que nous pouvons encore observer de nos jours, la bourgeoise désira rivaliser, dans la mesure de ses moyens, avec le haut parage, et la femme du peuple, à son tour, voulut se rapprocher de la bourgeoise. Ainsi la coiffe devint-elle, pour les femmes, le signe d’une élévation, d’une ascension de telle ou telle classe, signe illusoire d’ailleurs. Un évêque de Quimper et de Léon, exhortant ses Bretons à rester fidèles aux costumes traditionnels, ne manquait pas de leur dire que ceux-ci étaient, en réalité, les vêtements de leurs seigneurs et les coiffes de leurs dames. Le voyageur sensible qui parcourt nos campagnes éprouve l’impression curieuse d’y voir vivre parfois des portraits de Clouet, des reines de Médicis, des figures de La Tour et d’Abraham Bosse. Il y retrouve aussi les paysannes de Le Nain.

A VRAI dire, avant la Révolution, les efforts des bourgeoises et des paysannes pour rivaliser avec les dames sur le chapitre de la coiffure sont considérablement freinés par ces mêmes lois somptuaires qui interdisent l’emploi de certaines étoffes pour les vêtements des basses classes. Il s’ensuit une sorte d’uniformité, un manque de fantaisie et d’origina1ité dans les costumes et les coiffes des provinces. La suppression de ces lois demeure l’acte de naissance des modes provinciales. Celles-ci furent-elles, comme quelques-uns l’ont cru, une protestation contre l’abandon de la division en province?

                

GIZ BIGOUDEN (4ème gauche) Voici la coiffe du pays « bigouden » (cantons de Pont-l’Abbé et Plogastel-Saint-Germain). C’est l’une de celles qui se portent le plus et quotidiennement. Partie de l’horizontale, elle atteint maintenant 32 cm. à la verticale. Elle se compose d’une gouttière de dentelle fermée à sa partie supérieure et établie, à Paide d’un peigne courbe et d’un velours, sur les cheveux relevés par-dessus un bonnet (koef-bleo) , d’une pièce de dentelle en trapèze qui la ferme à Parrière (an daleden) ; enfin de deux rubans de dentelle très larges qui viennent se nouer sous Pareille gauche. Le tout vaut environ dix mille francs, les rubans comptant pour près de la moitié, A Pouldreuzic, elle porte le sobriquet de « pikè » (qu’elle est pointue !) Elle étonne dansun pays où règne le vent. Les élégantes la portent légèrement penchée en avant.

GIZ KEMPER (2ème gauche) Ces deux jeunes filles de Locronan portent la nouvelle "borleden" en honneur à Quimper. Cette coiffe, qui ne diffère pas de la « bigouden » autant qu’on le croit (l’étape de transition pourrait se voir dans la coiffe de Guiler-sur-Goyen), s’était dangereusement réduite, il y a quelques années. Une reprise de volume l’a relancée avec un succès qui ne s’est pas démenti. De nouveau, une légère collerette à fronces lui apporte un heureux complément. Elle nourrit des variantes. Elle luit, enfin. Mais il faudra qu’elle étudie bien ses proportions futures si elle veut conserver cet équilibre qui lui permet de s’accorder, sans trop de mal, avec deux formules de collerette.

GIZ KERITY  (3ème gauche) Le port de Kerity, enclavé en pays bigouden, a conservé, d’une ancienne splendeur, une coiffe d’artisane dont on a pu avancer qu’elle venait de Pont-Croix. Quelle que soit son origine, cette coiffe, connue sous les appellations assez obscures, de « poch-fleg » (?) ou « poch-dour » (sac à eau), possède un charme curieux, avec son appendice arrière qui évoque un engin de pêche et le double papillon qui la couronne. Signalons que les artisanes avaient la réputation d’aimer les fins matériaux. Ce sont elles qui furent pour beaucoup dans la vogue de la dentelle. Une collerette, toute discrète qu’elle soit, répond à la coiffe.

GIZ FOËN (1ère gauche) Improprement appelée « la guise de Fouesnant », fleurit entre l’Odet et la Laita. Il vaut mieux parler de famille de’ coiffes car il y a des différences notables dans la façon de s’ajuster quand on passe d’une paroisse à ’autre. La « giz Foën », célèbre parce que flatteuse et seyante, est l’une des plus complexes. Outre la coiffe proprement dite, qui est en plusieurs pièces, elle comporte un gorgerin de dentelle et une collerette plissée de grandes dimensions dont les godrons s’obtiennent par un repassage savant à Paide de trois centaines de << pailles » spéciales qui sont des graminées (fétuques) à tige ronde, sans nœud ni ramification, que l’on cueille dans la lande (cf. photo couverture dos). Jeu de patience, mais quel résultat! Le modèle reproduit, très moderne, est en dentelle mécanique, avec un motif ornemental emprunté à la broderie « bigouden ».

 

LES COIFFES ALSACIENNES.

En voulant organiser une grande exposition sur les coiffes de nos régions à travers les étiquettes de fromage, je savais au départ que la tâche serait difficile. Faire l’inventaire de ces costumes et de ces belles coiffes traditionnelles est quasiment mission impossible, même si on décide de se limiter à une région, car la diversité est tellement grande, que notre travail risquerait de donner une fausse idée de cet élément de la vie quotidienne passée. Ces coiffes et ces costumes, pour parler de l’Alsace, avaient un caractère évolutif. Ils variaient selon les époques et aussi au sein des classes sociales et des saisons. Chaque région et même chaque village avait ses propres particularités. Mais, au fil du temps, les choses évoluaient et la coiffe à grand ruban noir devenait la plus représentative de la région, vue de l’extérieur. A l’origine, il ne s’agit que d’un petit nœud qui a pris de l’envergure au fil des années allant jusqu’à atteindre un mètre. Associée à une jupe rouge bordée de velours noir et un boléro de velours noir à paillettes sur la blouse blanche, cette coiffe devient le symbole du folklore alsacien. Ce costume a été abandonné entre 1871 et 1918 en signe de résistance contre l’Allemagne et remis en honneur après la guerre. La coiffe présente quelques variantes : Nœud noir à pans plus longs derrière chez les protestantes; nœud blanc pour les familles aisées, nœud rouge à Geispolsheim, et à motif écossais à Bitschhoffen. Certaines coiffes étaient ornées de la cocarde tricolore, exprimant ainsi un fort attachement à la France.

     

LES COIFFES DE TOUTES NOS RÉGIONS EXTRAITES DE NOS TYROSÈMES. SAURIEZ-VOUS LES RECONNAITRE ? Cette présentation de coiffes sous forme de tableaux peints, se veut moderne. Le fait d’isoler dans l’image la fermière du paysage qui l’entoure, donne un résultat très étonnant parfois, et certaines images rappellent un peu le style Andy Warhol. C’est la preuve que ces illustrateurs souvent méconnus avaient du talent... Ils ne se contentaient pas de reproduire des dessins inspirés de cartes postales ou de vieux livres de régionalisme normand, breton ou autre. Ils avaient un style. Nous continuons d’ailleurs notre travail sur ces illustrateurs. Il faut savoir aussi, qu’une étiquette d’un fabricant normand ne représente pas nécessairement sa région.Le dessinateur s’en inspire certes, mais rien ne l’empêche de prendre beaucoup de liberté avec la réalité du modèle d’une coiffe portée par les femmes d’un village ou d’une région.

       

    

     

     

    

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 02/05/2022