Coopérative de Nalliers (85)

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LAITERIE COOPÉRATIVE DE NALLIERS. [VENDÉE 85]

La Laiterie Coopérative de Nalliers est fondée le 1er janvier 1894, à l’initiative de quelques hommes de bonne volonté, entrepreneurs, intelligents et clairvoyants, comme Léon Blay, négociant industriel à Nalliers ou Ernest Tapon, qui allaient proposer aux agriculteurs de la région, de fonder une beurrerie coopérative à Nalliers. L’idée fait très vite son chemin, et en quelques semaines, les adhésions commencent à affluer, et les fonds nécessaires pour le démarrage de cette nouvelle activité sont recueillis. Le montant de cette première mise de 90.000 francs de l’époque, est très vite trouvé, mais la somme est jugée insuffisante. Elle est augmentée à 100.000 puis à 112.000 francs. La beurrerie compte dès le départ 384 sociétaires, puis 600 sociétaires après seulement deux mois d’activité, puis 1200 sociétaires, possédant 3600 vaches laitières en 1896.  Il faut durant cette première étape tout à la fois donner aux sociétaires un prix convenable pour le lait fourni, assurer le paiement des frais généraux, acquitter les intérêts des emprunts et enfin amortir ces emprunts de façon à ce que la Société devienne en définitive, propriétaire de la beurrerie.

Voici quelques chiffres intéressants des quatre premières années d’activité : Le prix du litre de lait payé aux adhérents est de 0,098 frs en 1894, de 1,00 fr en 1895, de 0,087 frs en1896, et de 0,086 frs en 1897. En quatre ans, une somme totale de 1.478. 000 francs est ainsi payée aux cultivateurs associés et répartie au prorata des quantités de lait fournies quotidiennement par chacun. Les intérêts dus et les frais généraux sont estimés à 166 000 francs. Malgré cela, une somme de 114 000 francs est épargnée pour servir à l'amortissement complet des dépenses d'installation. Les bénéfices nets s'élèvent donc en moyenne, durant ces quatre années, à plus de 28 000 francs. À partir du 1er janvier 1898, la Société Coopérative de Nalliers devient propriétaire de la beurrerie. La période d'amortissement et d'épargne n’a duré que quatre ans seulement ! L’intégralité des bénéfices obtenus est distribuée entre les sociétaires et élève d'autant le prix du lait qu'ils fournissent.

En 1896, un encart publicitaire paru dans un annuaire mentionne : La Grande Laiterie Coopérative de Nalliers, (G.L.C.N), qui aurait remporté une médaille d’Or à Angers en 1895, pour ses beurres fins supérieurs purs sans mélanges.

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Située à proximité de la gare de Nalliers avec laquelle elle est mise en communication directe par une large porte d’accès (Voir Carte postale), la laiterie de Nalliers a un avantage inestimable qui est celui de pouvoir charger ses beurres directement de la laiterie dans le wagon spécial, économisant ainsi tous frais de transport et surtout sans stationnement sur les quais de gare, et le risque de voir la marchandise se détériorer.

Installations et outillage : En ce début du 19ème siècle, c’est surtout au point de vue de sa construction et de ses installations que la laiterie de Nalliers, se distingue des  autres laiteries coopératives. L’outillage de la beurrerie est parmi les plus modernes ; il comprend 5 écrémeuses toutes réunies dans une seule salle, qui est une curiosité dans son genre, deux barattes, et 1 malaxeur grand modèle. La machinerie est particulièrement remarquable. La machine à vapeur fixe est de 15 chevaux. La chaufferie qui n’a rien à envier aux plus importantes industries, comprend 2 chaudières à bouilleurs de 8 m de longueur, qui assurent, quoiqu’il arrive, l’immense quantité de vapeur nécessaire au bon fonctionnement de l’usine. Installation aussi d’une importante machine à glace, devant produire 300 kg de glace à l’heure, ainsi que des appareils destinés à la pasteurisation du lait écrémé. Rien n’est négligé pour doter l’usine de tous les perfectionnements. En résumé la laiterie de Nalliers est l’une des sociétés les plus Intéressantes de ce genre. Aussi s’explique-t-on facilement le nombre considérable de visiteurs qui la fréquentent tous les jours, soit comme simples curieux, soit surtout pour y étudier sur place les meilleures dispositions et les meilleurs procédés de fabrication. Nombreux représentants de laiteries ou beurreries qui se sont créées par la suite sont même venus sur place afin de s’inspirer des plans et des méthodes de fabrication de Nalliers, dont les beurres sont très demandés sur le marché parisien.

Le ramassage du lait : Le ramassage du lait est effectué quotidiennement par une vingtaine de voituriers qui se chargent aussi de rendre chaque jour le petit lait aux sociétaires qui l’utilisent pour la nourriture des veaux et des porcs. La collecte est estimée à environ 15000 litres par jour et la fabrication de beurre se monte en moyenne à 640 kilos par jour.

À l’usine le personnel se compose de 6 personnes, dont un comptable, un beurrier, un aide beurrier, un chauffeur mécanicien, un contrôleur de lait, ainsi que d’un ouvrier  chargé de la direction des écrémeuses, Au niveau de la direction, la société est administrée par un conseil d’administration composé d’un Président, d’un vice-président, ainsi que de quatre membres, pris à Nalliers, d’un deuxième vice-président, ainsi qu’un membre pris dans chacune des quatre autres communes faisant partie de la société. Parmi les responsables de la direction on peut citer les noms de M. Veillon, directeur jusqu’aux années 1950, puis son remplaçant M. Jean-Pierre Véquaud, décédé accidentellement, qui sera remplacé par M. Henri Bouin, le dernier directeur, jusqu’à la fermeture en 1986.

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DES ANNÉES 1940 JUSQU’À LA FERMETURE DÉFINITIVE LE 1er JUILLET 1986:

Après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la laiterie de Nalliers va connaître un développement extraordinaire. Elle est dirigée dans les années 1950, par un dynamique directeur Mr Veillon, bien épaulé par Mr Pierre Véquaud (Président). Des projets sont mis en place et exécutés : une fromagerie moderne est créée, pouvant produire jusqu’à 30 000 camemberts par jour, dont la marque « Le Parfait » bien connue des consommateurs. Un important marché de lait pasteurisé et standardisé à 15 grammes de matière grasse est signé avec DANONE, la plus importante société laitière de l’époque, dont le siège était alors à Levallois Perret, en banlieue parisienne. Grâce à la proximité de la voie ferrée, 15 000 litres de lait standardisé à 15 gr de matière grasse partaient sur wagons citernes, pour la fabrication de yaourt.

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Durant cette même période, la distribution de lait écrémé aux sociétaires n’étant plus rentable, une caséinerie est créée pour le traitement du lait écrémé (riche en matière protéique) pour fabriquer de la caséine lactique. Ce produit était acheté par l’union des caséineries surgériennes, qui sélectionnait ces caséines selon leur qualité pour être commercialisées dans le France entière dans des unités de fabrication de colle et plastic.

Dans les années 1960/1970, le beurre de Nalliers connaît son plus grand succès, tant sur le plan régional que sur le plan national. Avec sa marque « Le Nalliers » plaquette rouge pour le beurre 1/2 sel, et plaquette bleue pour le beurre doux. C’est malheureusement à cette même époque que la production laitière commence à ressentir l’effet de la surproduction, avec une baisse des cours des produits finis sur le marché, et une diminution du prix du lait à la production, d’où la nécessité pour les laiteries industrielles et coopératives de diminuer leurs coûts et de se regrouper…

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Le 1er septembre 1965 est créé I’USVAL (Union Sud Vendéenne Agricole Laitière), regroupant quatre coopératives laitières : (1) Saint-Michel-en-l’Herm, (2) Mareuil-sur-Lay, (3) Sainte-Radegonde-des-Noyers et la Laiterie de Nalliers. En 1970, le groupe s’agrandit, avec l’adhésion de quatre nouvelles coopératives à l’union : (5) Nieul- sur-l’Autize, (6) l’Hermenault, (7) la laiterie de Marans et enfin (8) la SOPRAVAL à Allonnes dans le Maine et Loire (49). La laiterie de Nalliers se modernise en matériel de transformation pour devenir la beurrerie centrale du groupe. Le tonnage moyen en beurre atteint les 10 tonnes par jour. La Coopérative de Nalliers emploie 35 salariés, plus une dizaine de ramasseurs indépendants. Une caséinerie moderne est installée, mais fonctionnera peu, compte tenu de la chute brutale des cours de la caséine.

En 1975 un atelier de transformation de crème fraiche est mis en place, en remplacement de celui de Saint-Michel-en-l’Herm, siège social de l’USVAL.

En 1986, interviennent les fameux quotas laitiers. Les producteurs de lait sont alors bloqués au niveau de leur production ce qui entraine une diminution des quantités de lait collecté. En plus le prix du lait à la production n’évolue pas pour combler la compensation de perte financière. Le quota laitier Français étant excédentaire par rapport aux autres pays de la communauté européenne, la France se doit de diminuer sa production laitière.

Des aides sont attribuées aux producteurs pour les aider à cesser leur activité ou à se recycler dans d’autres domaines. Trois ans après I’USVAL va perdre 30 % de ses producteurs, et l’hémorragie va continuer. Le groupe est contraint de fermer un à un ses ateliers de transformation par manque de matière première. Le 1er Avril 1986, l’USVAL entrait dans le groupe GLAC (Groupement des Laiteries Agricoles cooperatives) à Surgères. Le 1er Juillet 1986 la laiterie de Nalliers fermait définitivement ses portes.

Par Marcel Gousseau, ancien élève de l’ENIL, pour [Camembert-Museum, 1ère publication le 22/05/2017]  [Documents et photos avec l'aimable participation de la mairie de Nalliers]

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 22/09/2023