Coopérative de Saint-Michel-en-l'Herm (85)

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LAITERIE COOPÉRATIVE DES CULTIVATEURS DE SAINT-MICHEL-EN-L’HERM ET SES ENVIRONS [85J]

LES MARAIS VENDÉENS: La contrée ressemble absolument aux polders hollandais. Comme eux, toute conquise sur la mer, protégée contre ses menaces par des digues, creusée de multiples canaux. Au reste, aménagée, asséchée, sous le règne de Henri IV, à la demande de Sully, par l’entrepreneur hollandais Bradley, avec une main-d’œuvre en majeure partie hollandaise et du matériel apporté des Pays-Bas. C’est là  que s’élève Saint-Michel-en-l’Herm, importante bourgade aux maisons blanches, en plein Marais. A l’intérieur  des terres, jusqu’à Luçon, et tout le long du littoral, à l’Est et à l’Ouest, des milliers d’hectares de prairie, battue, balayée par les vents venants de l’Océan, les vents salés. Aussi l’herbage est-il d’une qualité toute particulière, fin et aromatique. L’élevage est intense et l’espèce bovine y compte un nombre considérable de bêtes appartenant à la race Vendéenne, connue et zoologiquement classée sous le nom de race maraichine. Race résistante, faite aux intempéries, vivant à  peu près constamment en plein air, supportant admirablement la pluie, les bourrasques, le froid de l’hiver et les ardeurs de l’été. Pour le surplus, race laitière donnant un lait exceptionnellement riche en matières grasses. Il était donc naturel que la fabrication du beurre devint l’un des éléments principaux de la prospérité du pays, sa spécialité. (Cette petite introduction pour mieux situer la laiterie coopérative et son environnement est extraite de l'Illustration Economique et Financère).

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La Laiterie Coopérative des Cultivateurs de Saint-Michel-en-l’Herm et ses Environs, fondée le 6 juin 1892 sans le moindre apport de capital, était une société civile particulière, régie par l’article 1832 du code civil. Elle était située en plein cœur du marais Vendéen. Ses fondateurs étaient des propriétaires exploitants et des fermiers de Saint-Michel-En-l’Herm et de ses environs. Parmi eux on peut citer les noms de M. David Aristide, Boilleau Isidore et M. Caillaud Benjamin.

La construction, l’installation et l’achat du matériel de laiterie furent financés par des prêts facultatifs. L’objet de cette association était de mettre en commun le lait provenant exclusivement des exploitations des sociétaires en vue de le valoriser en le transformant et en utilisant tous les produits et sous-produits qui en dérivent. La société ainsi fondée était à durée illimitée, mais un sociétaire pouvait en sortir à la fin de chaque période décennale, un nouveau sociétaire pouvait y adhérer en étant parrainé par l’organisation locale dont il dépendait puis devait être agréé par le conseil d’administration qui fixait le montant du droit d’entrée. Le nombre des sociétaires n’était pas limité. Un adhérent pouvait être exclu pour des fautes ou des raisons morales graves comme une condamnation à une peine criminelle, des actes ou des propos malveillants pouvant nuire à la bonne marche de la société, fraudes liées au lait qu’elles soient qualitatives ou quantitatives.

L’activité proprement dite  de la société démarre le 1er janvier 1893. Ses statuts mentionnent qu’elle était gérée par un conseil d’administration, dont les membres étaient les présidents des sections locales, eux-mêmes choisis par les délégués de leur section respective, à raison d’un élu par commune, et ce afin que tout le monde soit bien représenté. Une assemblée générale se tenait tous les ans à un endroit convenu qui n’était pas nécessairement la laiterie. Un compte-rendu des opérations de l’année précédente était présenté aux membres présents. Le conseil d’administration accomplissait tous les actes non réservés à l’Assemblée Générale. Il avait tous les pouvoirs pour gérer au mieux les intérêts de la coopérative et de ses adhérents. C’est lui qui nomme les salariés en les choisissant dans une liste préétablie par le Président. Il nomme aussi un directeur technique et un comptable, qui peuvent être des personnes étrangères à la société. Le Directeur de la laiterie travaille sous les ordres du Président. Charles Davied était le Président de la société coopérative de Saint-Michel-en-l’Herm depuis 1921. Le Directeur est chargé des encaissements, il a le pouvoir d’effectuer des paiements de toutes sortes notamment pour l’achat ou le remplacement de matériel, de combustible, d’entretien des locaux, il règle les salariés et répartit les fonds entre les sociétaires.

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Le lait fourni par les sociétaires devait répondre à certaines exigences de qualité. On ne pouvait par exemple pas mélanger le lait de la traite du soir avec celui de la traite du matin. Il devait aussi être conservé dans un endroit propre et frais, à l’abri de toute odeur, et contenir un taux de 40 pour cent de matière grasse par litre. Des services de contrôle pouvaient effectuer des prélèvements d’échantillons chez les sociétaires à des fins d’analyse. Rappelons enfin que le prix du lait était déterminé en fonction de sa qualité. Mais fixer des règles ne suffit pas toujours ! D’où l’idée du bureau de la laiterie de Saint-Michel-en-l’Herm de lancer le 28 janvier 1906, un concours des meilleures vaches laitières parthenaises, destiné à donner des primes aux propriétaires des vaches qui fourniraient le plus de beurre pendant une lactation. Le 1er mars 1906 le concours est lancé pour une durée d‘un an. Un classement des 90 vaches inscrites au concours se fait en calculant les quantités de beurre produites par rapport aux éléments suivants : Moyenne de traite, moyenne des analyses, nombre de jours de lactation. A la fin du concours le 1er mars 1907, un classement est établi et les résultats sont analysés et semblent très instructifs : Quelques vaches ont donné en moyenne le kilo de beurre avec 16, 14, et même 13 litres de lait. Autre observation la première vache du classement a un rendement en beurre de 257 kilos et la dernière 115 kilos, produit dans les mêmes conditions avec 19,5 litres de lait. Tout ceci est la preuve que chez les vaches laitières parthenaises, l’aptitude laitière est souvent très développée. Pour la petite histoire, la lauréate du Concours s’appelait Frisée, elle était âgée de 10 ans, et produisait 4890 litres de lait durant une lactation, il lui fallait 19,4 litres de lait pour faire un kilo de beurre. Quantité de beurre produite 257 kilos. 

Vendee-image-687LES TROIS SUCCURSALES :
La Coopérative de Saint-Michel-En-L’Herm était dirigée depuis 1905 par Monsieur Barhélémy Mallet, un homme sérieux et compétent, assisté de personnes très qualifiées, et présentes depuis de nombreuses années dans l'entreprise. Monsieur Mallet supervisait aussi les trois succursales suivantes :
La laiterie de Talmont fondée en 1910, et qui fut revendue en 1960 à Monsieur Daviaud, fabricant de chaussures. Le bâtiment de la direction de la laiterie fut transformé en restaurant, à partir des années 1990.
La laiterie d’Angles  fondée en 1902 fut aussi une succursale de Saint-Michel-En-L’Herm. Elle comprenait une salle d’écrémage, une salle contenant des cuves à crème, une salle pour la fabrication ainsi qu’un séchoir de caséine.
La laiterie des Magnils-Reigniers fut rachetée par St-Michel-En-L’Herm en 1923.
À une certaine époque, l’ensemble des quatre laiteries traitait jusqu’à 60.000 litres de lait quotidiennement, transformé en beurre extra-fin, expédié aux quatre coins de la France pour la vente en gros ou au détail. La zone de ramassage du lait s’étendait de la baie de l’Aiguillon jusqu’aux abords des Sables d’Olonne.
En 1950, La société comptait 1800 adhérents, possédant un cheptel d’environ 6000 vaches et produisant plus de 10 million de litres de lait. Une partie de ce lait était réservé à la consommation de villes et de stations balnéaires vendéennes, l’autre à la fabrication de fromages frais et parait-il aussi des meilleurs beurres de la région.

Des Produits, Des Marques et des récompenses :
Beurres, lait en poudre, lait pasteurisé, caséine, Edam, Gouda, Saint-Paulin, fromages frais, camembert. Nombreuses récompenses pour la qualité de ses  beurres : Médaille de bronze en 1904, Médaille d'argent en 1908 et 1909, Médaille d’Or à Paris en 1935, 1936, 1937. Médaille d’Argent en 1926, Médaille de Bronze en 1927 & 1931.

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(1) Parmi les directeurs de Saint-Michel-en-l'Herm : Edouard Coutant, ancien éléve de l'ENIL, promotion 1937, ainsi que M. Richardeau.

Serge Schéhadé [Camembert-Museum, le 26-06-2014]


 

 

 

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 12/07/2021