Danion Florence (Génillé 37)

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FROMAGERIE DE MADAME VEUVE FLORENCE DANION [GÉNILLÉ, INDRE-ET-LOIRE, 37]

Le château de Rassay qui domine la vallée de l'Indrois date de 1787. Il fut construit par François-Xavier de Jussy, ancien commandant de la Marine Royale de Louis XV, et maire de Génillé de 1800 à 1804. Il devient en 1854, la propriété de Louis Le Barillier (Caen 1805-Genillé 1880), ancien député du Calvados, qui va épouser une jeune génilloise : Florence Marie Célestine Marnay. Celle-ci devient en 1880 la seule propriétaire du domaine, après le décès de son époux à l'âge de 75 ans. Deux ans plus tard, le 15 avril 1882, elle se remarie avec Auguste Marie Danion (1850-1890), médecin à Génillé. Le couple donnera naissance à deux filles : Yvonne née en 1883 et Éva née en 1888. Tous les deux décident de créer une importante laiterie-fromagerie sur ce vaste domaine de Rassay, et vont employer jusqu'à une quarantaine de personnes.

1889 : la Compagnie des Chemins de Fer Départementaux inaugure la ligne Montrésor-Ligueil. Une gare est construite à Génillé sur le trajet. Cette ligne, d'une importance cruciale pour le développement économique de la région, restera en service jusqu'en 1950.

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LE DOMAINE DE RASSAY, situé sur la commune de Genillé, était la propriété de Madame veuve Danion qui l'exploitait directement avec la collaboration de son régisseur, Monsieur Levêque, ancien élève de l'école nationale d'agriculture de Grand-Jouan.

Son étendue totale est de 500 hectares, dont 440 sont d'un seul tenant. Une ferme de 60 hectares distante de 5 kilomètres est exploitée par métayage. Cette vaste propriété couvre un plateau qui domine les bords de l'Indrois, et s'étend sur les pentes et dans la vallée sur une longueur de 4 kilomètres. Le plateau, dont l'attitude moyenne est de 40 mètres au-dessus de la vallée, est formé de limons quaternaires argilo-siliceux. Ce sont des bournais généralement assez riches, froids et assez faciles à exploiter. Les pentes sont beaucoup plus difficiles et plus coûteuses à travailler, surtout avec les instruments perfectionnés qu'exige l'exploitation d'un domaine aussi important. Quelques-unes, en raison de l'irrégularité et de la déclivité du terrain, ont dû être boisées. Le sol de ces pentes est calcaire pierreux ou argilo-calcaire avec quelques alluvions. Quant aux terres de la vallée de l'Indrois, elles sont formées par des alluvions profondes et fraîches ; ce sont les plus riches et elles sont soumises à la culture intensive.

Répartition des cultures. — Les 440 hectares directement exploités par Madame Florence Danion comprennent 236 hectares de terres arables, 70 hectares de prairies artificielles, 60 hectares de prairies naturelles et 12 hectares de jeunes vignes. Elles sont soumises à l'assolement triennal modifié suivant les besoins. La caractéristique générale de l'exploitation est la production de céréales, notamment du froment, et la production fourragère pour l'entretien de vaches laitières et la production du fromage ; 70 hectares sont ainsi consacrés à la culture du blé et 150 à la production fourragère.

Bétail. — Outre 26 chevaux nécessaires aux travaux de l'exploitation, 100 vaches laitières, 170 moulons et 70 porcs sont entretenus sur la ferme. La vacherie surtout a attiré l'attention de la commission par le choix des sujets, de race normande, entretenus spécialement dans le but de produire le lait nécessaire au fonctionnement d'une fromagerie annexée à l'exploitation.

Fromagerie— Cette fromagerie traite environ 2.500 litres de lait par jour pendant la saison d'hiver, dont 1.000 sont fournis par l'exploitation, le reste étant acheté aux agriculteurs voisins. Elle produit environ 1.200 fromages genre Camembert vendus en moyenne 0 fr. 43 la pièce. Le petit lait sert à l'entretien d'une porcherie annexée à la ferme.

Le système de culture adopté ayant surtout en vue la production du blé et des plantes fourragères est donc exportateur d'azote et d'acide phosphorique. Aussi les fumures sont-elles complétées par l'achat d'engrais chimiques pour une somme annuelle de 8.000 francs environ, auxquels s'ajoutent l'importation de matières fertilisantes sous forme de 30.000 kilogrammes de tourteaux et d'aliments concentrés pour le bétail.

Résultat de l’exploitation. — Le capital d'exploitation s'élève actuellement à 160.000 francs. La comptabilité de la ferme, tenue par le régisseur, indique un revenu brut de 98.000 francs dont 30.000 francs pour la fromagerie et 25.000 pour les céréales. Les dépenses s'élèvent à 72.000 francs environ. La commission a été heureuse de féliciter Madame Danion de l'exemple qu'elle donne en amenant progressivement un aussi vaste domaine à la culture intensive, et surtout du choix de sa vacherie et de l'installation d'une industrie agricole dans la région. Aussi, reconnaissant les résultats obtenus, il lui a été décerné le premier prix de grande culture, un objet d'art de 400 francs, offert par la société, et à Mlle Julia Resthoré, attachée à la laiterie, une médaille de bronze offerte par M. le Ministre de l'Agriculture.

[Extrait de Annales de la Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres d'Indre-et-Loire 1902/02]

MÉRITE AGRICOLE : Par arrêtés en date du 10 août 1897 et par décret rendu sur la proposition du président du conseil, ministre de l'agriculture, en date du 24 septembre 1897, la décoration du Mérite agricole a été conférée 'aux personnes ci-après désignées : Mme veuve Danion, née Marnay (Florence-Célestine-Marie), propriétaire à Rassay, commune de Genillé (Indre-et-Loire) : dirige une exploitation de 450 hectares qui sert de modèle aux cultivateurs de la région. S'occupe d'élevage; 30 ans de pratique agricole. (Grade de chevalier du Mérite Agricole)

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Le 6 août 1906, la marque de « Camembert Docteur Danion» et la marque « Petit Camembert Docteur Danion» sont déposés par madame veuve Danion demeurant à Genillé.

En 1910, le Conseil Général d’Indre et Loire, se réjouit des initiatives sanitaires prises par Madame veuve Danion, après avoir relevé des cas de tuberculose sur des animaux de son exploitation. Cessation d’activité en 1920, raisons non déterminées.

Serge Schéhadé [Camembert-Museum, le 22-05-2016]

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 11/06/2020