Fléchard Alexandre (53)

FLÉCHARD ALEXANDRE [NÉGOCIANT EN BEURRES ET OEUFS, LA BAROCHE-GONDOUIN] 

Au cours des années 1928 à 1950, Monsieur et Madame Fléchard, tenaient un commerce épicerie-café sur la commune de La Baroche-Gondouin, située au nord du département de la Mayenne. Leurs deux enfants, Léon et Alexandre Fléchard, sont nés aux ''Chapelles'', commune de Javron (53). Adulte, Léon partira à La Chapelle d'Andaine (61) pour y tenir un commerce, son frère Alexandre s'installera à la Baroche-Gandouin, dans le bourg même, afin d'y exercer une activité de ''négociant '' en beurre & œufs, dans la région. Marié, Alexandre Fléchard aura deux filles, qui vont rester à la maison afin d’aider leurs parents au commerce-épicerie que tenait Mme Fléchard. C’était un petit café où les gens du village pouvaient se réunir après les cérémonies de l'église.

La production de beurre fermier était très importante à cette époque. Mr Fléchard possédait une camionnette épicerie, et parcourait tous les jours les communes environnantes, afin d'y collecter dans chaque ferme le précieux beurre, cette denrée périssable, difficile à conserver et à transporter. Dans la majeure partie des cas, c’était les femmes qui avaient la responsabilité de la fabrication. Le babeurre et le lait écrémé restaient à la ferme pour servir d’alimentation au bétail. Chaque ferme possédait une baratte en bois de forme différente, le beurre n'était pas toujours bien lavé et le ''babeurre'' terminait d'être enlevé lors du malaxage chez Mr Fléchard.

Alexandre Fléchard partait chaque matin faire sa tournée de collecte dans les cinq communes de : Sainte Marie-du Bois, St Julien-du-Terrou, Thuboeuf, Chevaigné-du-Maine, ainsi que dans son village de La Baroche-Gandouin. Avec sa camionnette chargée d'épicerie et ses paniers en osier, il allait de ferme en ferme, et collectait en moyenne 5 à 6 kilos de beurre chez chaque producteur. En échange de ce beurre fermier ''cru'', Mr Fléchard effectuait la vente de ses produits d'épicier qu'il avait mis sur son camion au départ de la maison. En fait, ce n'était ni une vente ni un achat, mais du troc : beurre & œufs contre produits d’épicerie. Une économie d'échange pour l'époque. En fin de journée, Mr Fléchard ramenait à la Baroche-Gandouin 70 à 80 kg de beurre entreposé dans des paniers en osier, le produit sagement enveloppé dans de la toile de drap pour une meilleur conservation, surtout en été.

Vint ensuite, la période des ''pains de glace ''et des glacières qui allaient améliorer la conservation du beurre à la ferme, avant la vente conditionnée. Afin d'en assurer une meilleure commercialisation vers Paris, Mr Fléchard fit comme tous ses collègues et déposa sa propre marque de beurre au tribunal de commerce de Mayenne en décembre 1932. Ainsi la marque ''Beurre fin des Gourmets '' garanti pur, allait connaître un franc succès du côté des Halles de Paris.

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A la Baroche Gandouin, avec femme et enfants, le travail consistait à malaxer des mottes de beurre récoltées la veille dans les fermes. Le malaxage de ce beurre cru non lavé, se faisait sur une table malaxeur en bois, avec moulage des morceaux en 250 grammes, puis emballage dans du papier sulfurisé, qu'il fallait légèrement mouiller avant d 'empaqueter les morceaux de beurre. Il ne se fabriquait pas de beure salé ou demi-sel, uniquement du beurre doux destiné à la vente. Après ce ''dur'' travail familial, Mr Fléchard portait en camionnette sa production de plaquettes de beurre, rangée dans des boites, destination la gare de Couterne, où le train prenait en charge les caisses via les Halles de Paris. Tout le beurre de la maison Fléchard était commercialisé dans la capitale, par Monsieur Laurain, un commissionnaire des Halles, dont les bureaux étaient situés au 58, rue des Lombards, Paris 1er.

Notons également, que Mr Fléchard, au cours de ses tournées quotidiennes, collectait aussi des œufs dans les fermes, et qu'à son retour à la maison, ces œufs étaient mis en caisses de 4 étages, et expédiés par mille vers les halles de Paris, toujours via la Gare de Couterne (61). C'est ainsi que ce métier des années 1900, de négociant en beurre et œufs perdurera une vingtaine d'années dans ce nord du département de la Mayenne. Puis vient le temps où les usines deviennent prospères et ramassent le lait entier dans les fermes. Elles se modernisent et la valorisation du lait et de ses sous-produits font qu'il ne reste plus la moindre matière première dans les fermes pour l'élevage fermier des porcs ou des veaux. Le lait est ainsi mieux commercialisé par les usines qui le transforme en beurre, fromage, caséine, lait en bouteille, etc. Il faut aussi tenir compte de raisons sociologiques, car à la ferme, les gens ne veulent pas se laisser priver d'une prérogative qui leur assure une certaine indépendance et un revenu financier journalier.

La puissance de grandes maisons de négoce se fait sentir et les petits négociants disparaissent. Ces Maisons de Négoce localisées principalement en Normandie et en Bretagne, collectent, reconditionnent et commercialisent une importante quantité de beurres fermiers. Les beurres collectés sont uniformisés par le lavage, malaxage, mélanges, ils sont souvent salés assurant une meilleur conservation. Ces grosses maisons de négoce, sont surtout tournées vers l'exportation. Elles brassent des capitaux considérables et leur chiffre d'affaire dépasse de très loin celui des petits négociants de campagne comme en Mayenne, en Bretagne ou en Normandie. Elles disposent de véritables usines de reconditionnement du beurre, et quelques minutes suffisent pour traiter 300 à 400 kg de beurres différents. En 1908, l'on compte 1 négociant en zone rurale pour 4 négociants dans une ville de l'ouest de la France.

Monsieur Fléchard arrêtera cette activité vers les années 1950.

Copies des dépôts des marques du tribunal de commerce, collectées aux archives départementales. Informations collectées auprès de la fille de Mr FLECHARD ( pour la partie de l'étude) Informations laitières provenant du livre ''La légende du beurre'' CIDIL (livre paru en 1994.) Mise en page en juin 2012 par Mr Marcel GOUSSEAU, ancien élève ENIL de Surgères 17.

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 04/02/2020