Laiterie, Fromagerie d'Anché (37)

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FROMAGERIE D’ANCHÉ [FAMILLES BOURRÉE & FERRAND, ANCHÉ, INDRE-ET-LOIRE, 37]

La laiterie d’Anché a été créée par Louis Adrien Bourrée (1) en 1911. Jusqu’au mariage de sa fille Marthe en 1920, l’entreprise ne fabriquait que du beurre et ses sous-produits (le lait écrémé et le babeurre) étaient utilisés soit à la nourriture d’une porcherie de 200 porcs soit à la revente aux producteurs de lait pour leur propre bétail.

Après la première Guerre Mondiale, les besoins de rentabilité de l’entreprise ont rendu nécessaire le développement de nouvelles activités. C’est ainsi que la fille et le gendre du fondateur, Maurice Ferrand, ont décidé de fabriquer des camemberts comme le faisaient les normands. Pour se faire, ils sont allés chercher dans cette région des fromagers pour mettre au point les fabrications et apprendre aussi un nouveau métier. Cependant, en 1918, la laiterie Bourrée, comme d’autres laiteries, est concernée par un arrêté obligeant les fromageries à réduire de moitié leur production fromagère afin de satisfaire la demande en lait de la population, dans les grandes villes comme Paris. L’arrêté s’appliquait à compter du 14 décembre 1918.

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En 1922, la laiterie a participé au Concours Général Agricole de Paris pour les camemberts en obtenant une médaille d’argent et l’année suivante une médaille d’or. Cette mise en concurrence n’a pas plu aux normands qui ont demandé - pour l’avenir - à concourir sous leur propre bannière. C’est ainsi que s’est formé le Syndicat des Camemberts de Touraine et que l’appellation « camembert de Touraine » a vu le jour. Par la suite, sont apparus les fromages au lait chèvre (le Sainte – Maure) dont la production était peu importante. Au début, le lait de chèvre était payé au même tarif que le lait de vache et pour inciter au développement de cette production, le tarif fut différencié à la hausse. Parallèlement, la laiterie a développé son propre élevage caprin en allant chercher un wagon de chèvres dans les Alpes.

Anché la gare

Pendant la guerre de 1939/45 et pour faire face aux restrictions, une nouvelle production a vu le jour avec la caséine fabriquée à partir du lait écrémé, séché puis broyé sous forme de granulat jaunâtre. La caséine était utilisée à cette époque comme ajout dans les farines animales ou comme matière plastique (la galalithe) qui servait à fabriquer les peignes, les boutons ou les disques et encore aujourd’hui comme liant pour les peintures.

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Après la deuxième guerre mondiale, la concurrence s’accentua notamment avec les coopératives qui bénéficiaient d’un régime fiscal plus favorable puisqu’elles n’étaient pas assujetties à l’impôt sur les sociétés et à la patente. Le ramassage du lait se faisait alors au moyen de 4 camions à hauteur journalière de 6000 litres pour le lait de vache et 500 litres pour le lait de chèvre sur les communes d’Anché, Rivière, Ligré, Sazilly, Tavant et Lémeré. En production annuelle, le lait de consommation était de 275000 litres, le beurre de 21000 kilos, les camemberts de 430000 pièces, les Buchettes de 109000 pièces, les fromages frais (L’Etoile des Neiges) de 64000 pièces, le Sainte – Maure de 134000 pièces. Certaines marques étaient déposées comme « le Châtaignier » pour le Sainte - Maure ou la « Buchette » au lait de vache. En annexe à la laiterie existait un élevage de 250 porcs qui permettait d’absorber le sérum. La laiterie-fromagerie Ferrand employait, en plus de ses dirigeants, 21 personnes dont 4 laitiers, 8 fromagers, 3 livreurs, 3 employés de bureau, 1 porcher, 1 contrôleur et un beurrier – chauffeur. Les locaux concernant le lait de vache et le lait de chèvre étaient complètement séparés avec pour chaque type de lait une salle de caillage, de moulage et d’égouttage et des hâloirs de maturation à air conditionné.

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À la libération, la société (2) fut reprise par Bernard FERRAND, le petit-fils du fondateur, qui développa une nouvelle production de fromages frais et de yaourts. Cette nouvelle activité était destinée à la consommation locale et c’est ainsi que furent organisées des tournées de livraisons chez les épiciers et même une vente de détail aux halles de Châtellerault. Un mouvement de restructuration de l’industrie laitière se dessina dans les années 60 avec l’apparition de grands groupes et la diminution progressive du cheptel des vaches laitières. A cette époque, Anché était une commune de 364 habitants avec de nombreuses activités commerciales et artisanales : 2 épiceries, un boulanger, un boucher – charcutier, 2 cafés, 2 menuisiers, un maçon, une coiffeuse mixte, un maréchal ferrant, un tabac- journaux faisant office de régie et un bureau de poste.

La laiterie survécut jusqu’en 1970 où sa fermeture fut décidée. Progressivement, les activités commerciales ont disparu et il n’a subsisté que quelques activités artisanales de nature différente.

(1) Louis Adrien Bourrée est né à Panzoult (37), le 22 octobre 1867. 

(2) Le capital de la société s’élevait à 10.000.000 d’anciens francs.

(3) Les dirigeants : Louis Adrien Bourrée de 1911 à 1929 ; son gendre Maurice FERRAND lui succéda en 1929 et c’est son petit-fils Bernard Ferrand, qui géra la société de 1947 à sa fermeture en 1970.

Serge Schéhadé (Camembert-Museum, le 20 février 2016, première publication)


 

Date de dernière mise à jour : 06/05/2021