Laiterie de Fontpatour (17)

17-Fontpatour Laiterie de Vérines

LAITERIE COOPÉRATIVE DE FONTPATOUR, VÉRINES (17AQ).

La Laiterie Coopérative de Vérines en Charente-Maritime est fondée le 16 février 1890 avec pour objet principal la fabrication du beurre. Son président est Monsieur Bouju. Le dimanche 15 octobre 1899, à la requête de MM. les commissaires-liquidateurs de la Laiterie Coopérative de Vérines et pour cause d’expiration de société, Maître Percheron notaire à Bourgneuf, mettait en vente en un seul lot, une partie du matériel de la laiterie comprenant : une chaudière à vapeur verticale munie de ses accessoires ; moteur à vapeur horizontal de 8 à 10 chevaux ; réservoirs à petit lait, pompes à eau, pompes à lait, baratte Chapelier, écrémeuse Melotte, écrémeuse Burmeister, réchauffeur, pasteurisateur, malaxeur, récepteur de lait, réservoir pour 2000 litres d’eau, réservoirs pour petit-lait, transmission avec 6 poulies, 4 tambours, 7 paliers et quatre chaises, l’ensemble de tuyautage, courroies, robinets nécessaires aux appareils, dépotoir, supports en fer, étau, son établi, clefs et outils, margelle en ciment, bureau, casier et étagère. La mise à prix était fixée par un expert à 3847 francs.

À Vérines, la laiterie coopérative était confrontée à un problème majeur : le manque d’eau. Comme tout le monde le sait, de grandes quantités d’eau sont nécessaires au bon fonctionnement d’une laiterie beurrerie, d’où la décision prise vers 1904 de déménager la production à Fontpatour dans de nouveaux bâtiments. Un logement ouvrier et un atelier de fabrication datent de cette époque. On ignore à ce jour si les statuts et les actionnaires changent lors de ce transfert. Il semblerait cependant que c’est une laiterie industrielle donc non coopérative qui exploite l’affaire à Fontpatour. Médaille d’or au Concours Général Agricole de Paris en 1925 dans la catégorie beurres des charentes.

À partir de 1930, la direction de l’usine de Fontpatour prend la décision de payer le lait fourni par ses producteurs en fonction de sa teneur en matière grasse. Dans l’Écho Rochelais du 06 septembre 1933, Monsieur Naudin, président de la beurrerie explique les raisons de ce choix : « Au moment d’appliquer le paiement du lait à la matière grasse, la laiterie de Fontpatour recevait des laits variant en matière grasse entre 63 et 14 grammes. Pour faire un kilo de beurre avec le premier de ces laits il fallait 14 litres, avec le second il en fallait 60. Ces deux laits de composition si différentes pourtant, étaient payés l’un et l’autre 0f77 le litre. D’après leur teneur en matière grasse, ils auraient du être payés le premier 1f15 et le deuxième 0f25. Le propriétaire du premier perdait donc par litre 0f38 pour de la matière grasse qu’il avait pourtant livrée. Le propriétaire du second gagnait au contraire par litre 0f52 pour de la matière grasse qu’il n’avait pas fournie. Si nous mettons maintenant en comparaison deux sociétaires fournisseurs d’une certaine quantité de lait, l’injustice nous apparaîtra plus frappante encore. A l’époque en question, l’un de ces propriétaires nous livrait par jour 80 litres de lait à 28 grammes en matière grasse et un autre 100 litres à 50 grammes. Avec le paiement de la matière grasse le lait du premier propriétaire aurait dû être payé 0f51 au lieu de 0f77 le litre au volume et le lait du second propriétaire 0f91. Le premier recevait donc 0f26 par litre, soit 20f80 par jour et 624 francs par mois, somme qu’il ne devait pas percevoir. Le deuxième perdait par contre 0f14 par litre, soit 14 francs par jour et 420 francs par mois, somme qui devait légitimement lui revenir.

17-Fontpatour Laiterie Coopérative

Il était impossible à cette époque pour certaines laiteries d’adopter ce système pour des raisons d’organisation.Leurs dirigeants travaillaient cependant pour trouver une solution et généraliser le système pour le plus grand bien de l’industrie laitière. Il faudra attendre 1956 avant que le système ne se généralise et ne soit adopté par l’ensemble des coopératives. Une statistique très particulière nous donne dans les années 1920 les quantités de lait ramassé par kilomètre parcouru autour de Fontpatour, sans préciser le nombre de kilomètres parcourus quotidiennement par les ramasseurs. Elle est de 120 litres de lait en été et de 75 litres en hiver. A leur arrivée, les bidons sont pesés sur une bascule automatique qui délivre un ticket où la quantité de lait est indiquée. Le quai de déchargement était couvert et lavé à grande eau tous les jours. Les bidons étaient lavés et stérilisés à la vapeur. En 1957, les quantités de lait collecté étaient estimées à 47780 hectolitres.

En 1931, une caséinerie est construite. Outre la fabrication du beurre, l’usine fabriquait aussi à partir de 1948 de la poudre de lait recommandée à cette époque par le corps médical pour les enfants et les personnes malades. Cette poudre de lait était entièrement vendue jusqu’en 1951 sur la Rochelle. A cette même période du début des années 1950, la majorité des bâtiments sont reconstruits, dont des des bureaux, un laboratoire et de nouveaux quais de déchargement des bidons. Dans les années 1960, la laiterie employait 26 personnes.

L’activité va cesser entre 1973 et 1975 et les bâtiments seront reconvertis en habitations, puis en chambres d’hôtes et gîtes après d’importants travaux de restauration effectués en 2011, tout en respectant le caractère industriel du bâtiment.

Serge Schéhadé, Camembert-Museum, le 07 octobre 2020.

Date de dernière mise à jour : 10/10/2021