Laiterie Coopérative de Vouhé (17)

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LAITERIE COOPÉRATIVE DE VOUHÉ (17)

La Laiterie Coopérative de Vouhé fondée en 1889 est à sa création une association qui porte le nom de « Union des Propriétaires Laitiers ». Cette association regroupe des agriculteurs et des producteurs laitiers des villages de Vouhé, Blameré, Bouhet, Chambon, Gué-d’Alleret, Puyravault, Rioux, Savarit, Marlonge. Elle a pour mission la fabrication et la vente de beurre. Une porcherie y est adjointe mais un important incendie, attribué à la malveillance, va complètement détruire le bâtiment ainsi que 80 bêtes qui s’y trouvaient. Le 29 juillet 1908, la laiterie recevait la visite des élèves de l’École Professionnelle de Laiterie de Surgères conduits par leur chef de pratique. En sortant de l’usine dont ils ont apprécié la belle installation, les élèves ont eu le plaisir d’être reçus par le sympathique président de la laiterie M. Maubaillarcq, qui leur a fait les honneurs de sa jolie propriété de Maisonneuve. En 1920, trois employés seulement y travaillent.

Voici le texte d’une circulaire que M. Maubaillarcq, ingénieur agricole et président de la laiterie a adressé en 1908 à tous ses sociétaires. Elle mérite d’être publiée : Il est un fait sur lequel il est bon de ramener l’attention des sociétaires : c’est la question des rendements ». Il est évident qu’il est de l’intérêt de chacun de nous de les voir améliorer et pour cela le principal moyen, maintenant que nous sommes outillés pour bien faire, est d’envoyer à la laiterie des laits suffisamment riches. Tous les sociétaires de la laiterie de Vouhé sont certainement de cet avis, mais ils oublient peut-être qu’ils ont un moyen facile de se rendre compte de la valeur de leur lait : ils n’ont qu’à prier le contrôleur de les éclairer à cet égard. Il leur dira quelles sont, dans leur étable, les vaches dont le lait est bon et celles dont le lait est inférieur. Munis de ce renseignement, et sachant à quoi s’en tenir, ils pourront à bon escient se défaire des vaches de qualité inférieure et au contraire garder comme élèves les produits de celles dont le lait est riche. Il est évident que ce n’est pas l’affaire d’un jour pour arriver à améliorer le rendement d’une façon sensible, mais au bout de bien peu de temps, il pourrait y avoir un changement qui n’irait qu’en s’accentuant. Il existe en général une idée fausse au sujet des vaches donnant beaucoup de lait : on les considère souvent comme ayant un lait peu riche ; c’est une erreur contre laquelle il est bon de réagir.

Pendant longtemps, dit M. Dornic, on a cru que le volume écartait la richesse. Nous avons la preuve du contraire et nous savons qu’il y a des individus (donc il peut y avoir des familles) qui donnent beaucoup de lait et du lait riche. Nous avons, en effet, trouvé des vaches dont la production beurrière annuelle dépassait 260 kilos, soit près de quatre fois la moyenne annuelle générale dans 109 laiteries syndiquées. Bien des laiteries des Deux-Sèvres et de la Vendée sont entrées résolument dans cette voie d’amélioration de leur lait, comprenant que c’était dans l’intérêt des sociétaires. Dans notre région un courant en ce sens tend à s’établir, ainsi que l’a montré le concours de vaches beurrières institué cette année à Courçon par le comice agricole de la Rochelle, sous la surveillance de M. Dubourg, professeur départemental d’agriculture. Travaillons nous aussi à améliorer nos rendements si nous ne voulons pas rester en arrière et pour cela conservons comme producteurs, tant mâles que femelles, les produits des vaches dont le lait est bon, car il ne faut pas oublier que les qualités laitières se transmettent aussi bien par letaureau que par la vache, et surtout ne cherchons plus à envoyer à la laiterie de grandes quantités de lait pauvre, mais appliquons-nous à envoyer beaucoup de lait et de lait riche. (Signée Le Président, Maubaillarcq, ingénieur agricole).

HENRI MAUBAILLARCQ : Vers 1930, M. Maubaillarcq présidait la laiterie coopérative de Vouhé, où tous les agriculteurs de Bouhet envoyaient leur lait. La Gazette d'Aunis signale que le dimanche 11 février 1934, les membres du bureau de la laiterie de Vouhé se réunirent sous la présidence d'Henri Maubaillarcq qui fut réélu président de la laiterie et reçut pour vice-présidents son neveu Jean Brumauld des Houlières et un certain M. Suire. Henri Maubaillarcq fut également trésorier de l'Association centrale des laiteries, puis président. Il fut aussi élu à la Chambre d'Agriculture en février 1936, parmi les quatre représentants de l'arrondissement de Rochefort. Mais quelques mois plus tard, le 25 août 1936, un violent incendie ravagea les bâtiments de la ferme. Les dégâts furent évalués à 500 000 F de l'époque. L'ascension continua puisqu'en 1939, Henri Maubaillarcq était président de la chambre d'agriculture. Le 11 juillet 1944 enfin, il fut élu à Niort, vice-président de la Chambre d'agriculture de la région de Poitiers. Il exerça aussi les fonctions de maire de Vouhé à partir de 1939 environ jusqu'à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Le 22-9-1951, il fut décoré de la médaille de chevalier de la Légion d’Honneur, pour avoir consacré sa vie à la mise en valeur agricole de sa région. Henri Maubaillarcq est décédé à Vouhé le 5-10-1955.

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Le 05 août 1939, un grand banquet était organisé pour fêter les cinquante ans de la Laiterie coopérative de Vouhé. (Voir photo).

En 1950, la laiterie est partiellement reconstruite et comprend : Un bâtiment abritant l'atelier de fabrication du beurre et le logement en moellon enduit, à un étage carré, couvert d'un toit en tuile mécanique. Bâtiment du bureau et du laboratoire en moellon enduit, en rez-de-chaussée, avec toit en tuile mécanique. Hangar à charpente métallique couvert en ciment amiante. Garage en parpaing de béton avec toit en tuile mécanique. Porcherie en moellon et toit en tuile mécanique. Château d'eau en béton armé. Des installations de premier ordre, comme l’indique un dépliant publicitaire (Ref Conseil régional de Poitou-Charentes - Service de l'inventaire). En 1958, elle fait partie des six plus grandes laiteries coopératives d'Aunis avec plus de 60 000 hectolitres de lait traité.

NOMBREUSES RÉCOMPENSES : Médaille de bronze en 1914, au Concours Général Agricole de Paris, dans la catégorie Beurres des Charentes. Médaille d’or en 1922 à Paris pour ses beurres. Cette année-là le jury était présidé par M. Paul Mercier, député et président de l’Association Centrale des Laiteries Coopératives des Charentes et du Poitou. En 1935, une médaille d’or pour sa caséine.

Fermeture vers 1965. Les bâtiments abritent désormais une coopérative.

Serge Schéhadé [Camembert-Museum, le 17 septembre 2021]

 

 

Date de dernière mise à jour : 06/11/2021