Fromagerie Lehagre Louis & Cie, Charchigné (53)

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Vues extérieures des bâtiments de l'ancienne usine Lehagre à Charchigné.

En 1927, Monsieur Louis Lehagre, né à Rennes en Ille-et-Vilaine (1871-1938) voulait s’installer en Mayenne, patrie du fromage Port-Salut. Le hasard lui fait trouver des locaux disponibles à Charchigné, dans le nord de la Mayenne. Il fonde la S.A.R.L. L. LEHAGRE & CIE avec plusieurs mandataires en B.O.F. des Halles de Paris. M. Lehagre est cogérant avec Monsieur Doinet.
L’entreprise se met à collecter le lait dans un rayon de 15 à 20 kilomètres et le transforme en port-salut, qui est vendu sur Paris, par l’intermédiaire des actionnaires.
En 1930, un pasteurisateur est acheté, mais la technique de pasteurisation, difficile à mettre au point, ne sera adoptée que très progressivement. On lance une fabrication de fromage fondu appelée « Crème de Port-Salut » bien qu’une récompense soit obtenue au concours Général Agricole de Paris, cette fabrication n’est pas poursuivie. En cette même année, on crée une fromagerie de camemberts à la Chapelle Moche, appelée aujourd’hui la Chapelle d’Andaine, dans l’Orne.

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Vue de l'atelier d'écrémage et de pasteurisation de la laiterie de Charchigné, au début des années 1930

Monsieur Louis Lehagre décède en 1938; son fils André lui succède comme cogérant avec Monsieur Doinet. En 1939, la collecte dépasse les 3 millions de litres, entièrement transformés en port-salut et l’effectif atteint 50 personnes.
Les années de guerre et d’occupation sont très difficiles, comme dans toutes les entreprises, l’activité est considérablement réduite. A la libération l’entreprise collecte du lait,de la crème, du beurre fermier et des œufs.
Il faudra attendre 1953 pour retrouver à peu près l’activité de 1938 ; avec une collecte de ….
Et fabrique de 240 tonnes de fromage et 200 tonnes de beurre. Suite à procès intenté par les moines de l’Abbaye d’Entrammes, l’appellation « Port-salut » est désormais interdite, les fromages sont alors vendus sous le nom de Saint-Paulin.
En cette année 1953, les actionnaires d’origine se retirent; la société Barthélemy prend alors une participation majoritaire, M. Ranson devient Co-gérant avec Monsieur Lehagre.

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En 1956, un contrat de 3 ans est signé avec la société SAVIOLA de Parme pour une fabrication à façon de fromage de type parmesan. En 1960, la collecte atteint 6,5 millions de litres de lait et la fabrication de Saint-Paulin est de 500 tonnes; l’excédent de lait est transformé en caséine ou revendu.
En 1963, commence un nouveau chapitre dans l’histoire de la laiterie de Charchigné : La société Préval prend le contrôle de l’ensemble des laiteries du groupe Barthélemy, et devient ainsi actionnaire exclusif de la laiterie de Charchigné, qui est maintenant un établissement du Groupe Préval. Mr Robert Lehagre, fils d’André, devient le directeur. La collecte croit rapidement, de 14 millions de litres en 1963, elle passe à 30 millions en 1970. Les fabrications sont diversifiées : au Saint-Paulin on ajoute le Cheddar, le Valmaine, et on installe un concentrateur de sérum. En 1969, les fabrications de l’ensemble des fromages atteignent 2000 tonnes.

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En 1973, nouvel épisode : Préval qui cherche à se concentrer sur la Normandie, cède à la société Besnier l’usine de Charchigné, qui évolue désormais au sein de cet important groupe. Dans un premier temps, les fabrications de Saint-Paulin sont fortement développées pour arriver à 4500 tonnes par an, puis en 1985, les fabrications sont regroupées, celle de Saint-Paulin ira à l’usine de Margut, et Charchigné recevra la fabrication d’emmental de l’usine de Vesaignes.
Besnier construit alors, près de l’ancienne, une nouvelle et importante fromagerie ultra-moderne, elle deviendra avec 45.000 tonnes en 2006, la plus grande fromagerie de France en emmental. Ainsi se continue l’aventure de la laiterie de Charchigné…

[Tous nos remerciements à Monsieur Michel Moisan, pour cet historique, extrait de son livre "Histoire de l'Industrie Laitière en Bretagne" aux éditions Coop Breizh 2008]

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Informations complémentaires apportées par le Camembert-Museum : La société Louis Lehagre & Cie était au milieu des années 1940, une société à responsabilité limitée au capital de 300.000 francs. Au milieu des années 1950, selon une facture datée du 09 janvier 1953, la S.A.R.L. avait changé de dimension, son capital passant alors à 3.635.000 francs. Monsieur André Lehagre était à cette même époque, avec M. Gallou, vice-président du Syndicat des Transformateurs de lait et de Crème de la Mayenne. Impliquée dans la vie locale, la famille Lehagre, Louis, André et Robert, dirigeront à tour de rôle, de 1928, à mars 2001 la mairie  de Charchigné.
Voici quelques récompenses obtenues par la société Lehagre et ses successeurs au Concours Général Agricole de Paris : 1967 Médaille d’Or, Saint-Paulin pasteurisé 45 pct. 1968 & 1971 Médaille de bronze, Saint-Paulin pasteurisé 45 pct. 1968 Médaille de bronze, Saint-Paulin pasteurisé 40 pct. 1970 Médaille de bronze, carré pasteurisé 50 pct; 2014 Médaille de Bronze, emmental pasteurisé 45 pct.

1932- FRAUDE DU LAIT : LE LAIT ÉTAIT MOUILLE À 70 % JUBLAINS. (l’Ouest-Eclair du 18 décembre 1932) : La femme Chevron Maria, cultivatrice à Jublains, le 11 octobre remettait deux bidons de lait au commissionnaire de la fromagerie Lehagre de Charchigné. Survint tôt M. Chasble, inspecteur des fraudes. A sa vue la cultivatrice avoua spontanément avoir mis de l’eau dans le lait qu’elle venait de livrer. Au cours de l’analyse il fut, en effet, reconnu que la fermière « n’y allait pas avec le dos de la cuillère » puisque chacun des deux prélèvements faits dans les deux bidons accusa un mouillage de 70 %. La femme Chevron, après avoir avoué le délit dont elle s’était rendue coupable demanda que les journaux ne parlent de rien et sollicita d’arrêter l’affaire devant le tribunal, la prévenue, malgré ses premiers aveux, voulut après réflexion se rétracter et mettre le fait qui lui était reproché, sur le compte de sa fillette. Mais le tribunal ne fut pas dupe de cette ruse. M. le président fit Justement remarquer à la femme Chevron qu’elle y allait un peu fort et que le mélange mis en vente par elle ne pouvait être qu’un soupçon de lait. Toutefois, le délit de fraude sur le lait vendu pour l'alimentation humaine n’est pas retenue, il ne put en effet être prouvé au cours de l’enquête que le lait vendu aux voisins du bourg était mouillé. M' Branchu se porte partie civile pour la fromagerie Lehagre et réclame mille francs de dommages intérêts, pour le préjudice causé sur les 1.320 litres du singulier mélangé nommé lait livré à la fromagerie du 15 août au 11 octobre et qui fut d’ailleurs reconnu mouillé après chaque livraison journalière. Dans son réquisitoire, M. Crayol, procureur de la République, souligne la gravité exceptionnelle de cette affaire et l’attitude présente de l’inculpée qui veut faire passer la faute dont elle se rendit coupable sur le compte de son enfant âgé de 14 ans. Il demande que le tribunal tienne compte des mauvais antécédents de cette femme déjà condamnée en 1923 à une peine d’emprisonnement et à une peine d’amende pour escroquerie. Il réclame, pendant que l’inculpée l’interrompt de ses dénégations mensongères, une peine d’amende minimum de 1.000 fr., mais ne s’oppose pas au sursis à la peine d’emprisonnement qui sera octroyée, car l’autre condamnation dont fut gratifiée la prévenue remonte à plus de cinq années. M° Blanchard avait la lourde tâche de défendre la femme Chevron. Celle-ci s’entend, après assez long délibéré, condamner à 3 mois de prison avec sursis et 500 fr d’amende sous contrainte de 4 mois. Le mari est déclaré civilement responsable. La société Lehagre obtient 500 fr. de dommages-intérêts. De plus, le Tribunal dit qu’un extrait du jugement sera affiché à la porte des époux Chevron et à la mairie de Jublains pendant sept jours. Le dit jugement sera de plus inséré dans deux journaux locaux et trois régionaux, sans que le coût de chaque insertion puisse dépasser 100 francs

 

 

 

1985-Fromagerie Charchigné

Nouvelle usine à Charchigné (53)

En 1985, la société fromagère de Charchigné, appartenant au groupe Lactalis va commencer l’exploitation d’une nouvelle usine, la plus importante fromagerie européenne pour la fabrication de l’emmental. Des bâtiments flambants neufs sont construits à quelques centaines de mètres seulement de l’ancienne usine Lehagre devenue vétuste. la superficie couverte est de 7000 mètres carrés, l’usine emploie 91 salariés. La première année la production est de 4000 tonnes. C’est véritablement pour le groupe le début d’une grande aventure EMMENTAL, qui était précédemment  fabriqué à l’usine Claudel-Roustang de Vesaignes, en Haute-Marne. Gilbert Micheli, maître fromager, va prendre la direction de cette nouvelle unité Mayennaise.
En 1992, la production de l’emmental Président passe à 26000 tonnes.
En 2002, avec son atelier de conditionnement, le site passe à une production de 32000 tonnes. Des travaux sont entrepris et la superficie couverte passe à 17000 mètres carrés, avec un effectif de 325 salariés.
En 2006, la production atteint les 45000 tonnes annuellement. L’usine tourne 7 jours sur 7 en 3 équipes de 8 heures par jour. Les 500 habitants de Charchigné regardent tous les jours passer les citernes chargées de lait vers la laiterie, et les camions frigorifiques qui repartent de l’usine chargés de meules d’emmental « Président ». [Informations extraites de la revue Contact n° 56]

Date de dernière mise à jour : 25/07/2021