Astra, J. Motte & Cie (75)

Astra Marguarine

JEAN MOTTE & CIE, SOCIÉTÉ ASTRA, 37 RUE DE LA BOÊTIE, PARIS

L'histoire commence en 1912 avec la construction par Jean Motte d'une usine à Yvetot, en Seine-Maritime, toute proche de la gare qui longe les voies ferrées. La production journalière de margarine s'élève en 1926 à 30.000 kilos par jour. L'usine est transférée à Asnières au début des années 1930. La marque Astra est présentée dès le début comme étant le produit qui remplace le beurre à moindre coût : "Comme du beurre !... Ainsi peut se définir la nature de cette délicieuse margarine dont l'aspect, l'arôme, la texture de la pâte se rapprochent du beurre naturel. L'Astra, c'est en effet un beurre reconstitué, préparé en Normandie suivant les méthodes de fabrication les plus nouvelles en usage dans les laiteries les plus modernes.L'expérience a démontré qu'une vache laitière privée de nourriture continue à produire du lait dont la richesse en beurre ne diminue pas sensiblement, l'animal prenant sur lui-même, au détriment de son poids, la matière grasse contenue dans le lait. Partant de ce principe, préparons L'Astra en utilisant, d'une part, la matière grasse raffinée provenant de la fonte des rognons de bœuf sacrifiés dans les grands abattoirs, tels que ceux de La Villette, d'autre part, des huiles d'arachides rufisques (Rufisque était au Sénégal la capitale de l'arachide, très réputée) vierges extraites des graines récoltées dans notre belle colonie du Sénégal et, enfin, des beurres de coco provenant du raffinage des huiles tirées de l'amande de la noix de coco Ces matières premières mélangées en proportions variables, suivant les saisons, donnent après diverses manipulations une pâte ayant la consistance et l'apparence du beurre. Pour donner à cette pâte l'arôme du beurre naturel, nous barattons le mélange de matières grasses défini ci-dessus avec de la crème et nous solidifions l'émulsion ainsi obtenue par le froid. L'Astra passe ensuite sur des lisseuses, des malaxeurs, puis dans des machines à former des pains destinés à être livrés aux consommateurs. Toutes ces opérations sont conduites par un personnel expérimenté et les diverses phases de la fabrication entourées des soins de propreté absolument indispensables pour obtenir un produit alimentaire de premier ordre.Nous n'avons pas hésité à publier cet opuscule pour détruire les préjugés qui peuvent encore exister sur la fabrication de margarines telles que L'Astra. La ménagère soucieuse d'équilibrer son budget, tout en assurant le bien-être des siens, emploie L'Astra. Les 9 millions de kilos qui sortent annuellement de notre usine modèle d'Yvetot sont la preuve indiscutable que L'Astra se place au premier rang des produits de remplacement du beurre.Son prix modique le met à la portée de toutes les bourses et, de ce fait, il contribue notablement à l'abaissement du coût de la vie"

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Série de huit cartes publicitaires signées Raoul Vion.

Le 30 juin 1933, l’Assemblée générale extraordinaire décide d’augmenter le capital de 20,1 millions à 42,3 millions de francs. Elle rend aussi définitive l’absorption par la Société Astra des sociétés suivantes : (1) Magra, anciens établissements savonnerie Michaud, et société d’alimentation Mauriès et Tricoche Réunies (2) Établissements Van den Bergh & Cordeweener Réunis, (3) Margarinerie du Nord, société anonyme Franco-Hollandaise, (4) Raffineries du Congo (5) Société Anonyme l’Hydroxyl, lesquelles sociétés ont fait apport à la société absorbante de la totalité de leur actif mobilier et immobilier sans aucune exception.

Le 05 mars 1936, les actionnaires de la Société Anonyme Astra (J. Motte et Cie et Fondoir Central Réunis) sont convoqués à une Assemblée générale extraordinaire au siège social de la société, 37 rue de la Boétie, à Paris, pour délibérer de l’ordre du jour suivant : (1) Rapport du conseil d’administration sur un projet de fusion avec la Société Anonyme immobilière du 37 rue de la Boétie, par voie d’absorption de celle-ci par la Société Astra et sur diverses modifications statutaires. (2) Discussion et vote sur l’approbation de l’acte d’apport-fusion passé avec la Société Anonyme Immobilière du 37, rue la Boétie sous la condition suspensive notamment de l’approbation ci-dessus. (3) Discussion et vote sur l’augmentation de capital de la société, en conséquence des apports faits à titre de fusion et enfin (4) Discussion et vote sur certaines modifications à apporter aux statuts. L’ordre du jour comprend aussi la nomination d’un commissaire aux apports afin de vérifier la valeur des apports faits par la société anonyme Immobilière, de la nomination aussi d’un commissaire suppléant, et de la fixation de leur rétribution.

la Société Anonyme Astra (J. Motte et Cie et Fondoir Central Réunis déposera de nombreuses marques comme "Frimas" le 14 mai 1936, pour désigner margarine, graisses alimentaires, beurres, fromages, huiles comestibles, condiments, levures, la marque de margarine "Ateiba", les marques "Astar" et "Fruitdor" déposées le 09 juin 1938, au greffe du Tribunal de Commerce de la Seine, les marques "Hollandia" "Delta" "Lorreta" toujours pour désigner des matières liées ou proches de la margarine, dépôt du 13 décembre 1940, au greffe du Tribunal de Commerce de la Seine, la marque "A l'Oranger" déposée au greffe du tribunal de commerce de la Seine le 23 juillet 1943, et la marque "Fourrure" déposée le 05 janvier 1942.

Astra Asnières

Le 21 décembre 1948, la société fondée sous le nom de « Société Astra, J. Motte et Cie et Fondoir Central Réunis » va prendre la dénomination de "Société Astra" en vertu d’une décision de l’assemblée générale extraordinaire des actionnaires. Dans les années 1950, le siège social est déménagé 8, avenue Delcassé, Paris 8ème.

C'est au cours du XXème siècle que de nombreuses usines s'installent à Asnières, comme l'usine Citroën (225, quai Aulanier), l'usine Chausson des frères Jules et Gaston Chausson qui fabriquaient des radiateurs pour moteurs thermiques automobiles, la société Revillon (cosmétiques, 2 avenue de Solférino) et celle qui nous intéresse particulièrement ici : l'usine Astra-Calvé, au 225 quai Aulanier, sur un terrain situé dans le quartier des Grésillons, et dont une partie avait appartenu à la famille du peintre Édouard Manet. Jean Motte, en faisant construire cette usine, avait comme objectif de produire 300 tonnes de margarine par mois. En 1929, il s'était associé à Unilever. La société et la marque Astra connaîtront un essor formidable. En 1930, Unilever rachète la société Calvé-Delft qui fusionnera en 1960 avec Astra. La société prend alors le nom de Astra-Calvé. En 1969 a lieu le lancement de l'huile de tournesol sous la marque Fruit dOr qui existe toujours, puis en 1974 dans le but de se diversifier acquisition des huiles d'olive Puget, de la marque de fromages Boursin en 1990, de la marque Bénédicta en 1991, rachetée à la société Sara Lee, et enfin la marque Végétaline qui appartenait aux huiles Lesieur en 1998.

Malheureusement, l'usine sera fermée par Unilever en juin 2002. Monsieur Motte (un nom prédestiné) n'est plus de ce monde, mais la marque Astra continue à prospérer...

Serge Schéhadé (Camembert-Museum, le 14 mai 2021).

 

 

Pub Astra

Date de dernière mise à jour : 14/05/2021