Herson Achille (Fromages en gros, Paris 75)

Herson-P01nv (17 rue Berger)

HERSON Achille François Félix est né le 26 janvier 1851, à Palaiseau dans l’Essonne. Il était négociant en fromages, fondateur et président (1888-1893) de la Chambre Syndicale des Marchands de Beurres, Œufs, Fromages et Crémiers de Paris.. Créateur d’une fromagerie modèle à vapeur en 1898, à Gaillon, près de Meulan, Seine & Oise, Membre du Jury, et hors concours aux Expositions universelles de Paris, 1889 et 1900. Propriétaire de caves modèles pour la maturation des fromages; entrepôt à domicile; L’une des plus anciennes maisons de Paris. Achille Herson a participé aussi à l'organisation d'expositions internationales, fait Chevalier de la Légion d'honneur en 1900.

L'histoire des Établissements Herson commence en 1886, avec la dissolution le 26 octobre 1886 de la société Pitou & Herson, rue Berger 17, et la cession des droits de M. Pitou à Monsieur & Madame Herson qui continuent seuls (Acte du 26 octobre 1886)

Établissements Achille HERSON : Société anonyme au capital de 490.000 francs. Tél Gut. 22.58 chèq. post. 707 Paris, Registre du Com. Paris 148.377.
Achille Herson, administrateur délégué. E. Herson, ingénieur agricole, directeur.
Maison principale : 17, rue Berger (Halles Centrales), Paris 1er. Expéditions en Province et à l’étranger.

Le siège social ou maison mère de la société des Établissements Herson était située 17, rue Berger, tout près des Halles de Paris, une succursale se trouvait au numéro 14, de la même rue, qui avait appartenue à la maison Girard. Les spécialités recommandées par les Ets Herson, selon de nombreux encarts publicitaires parus dans la presse de l’époque étaient le Camembert & le Pont-l'Evêque des Princes, le camembert et Munster de la Couronne Royale, qui étaient des marques déposées (voir plus bas) ainsi que des fromages de la Trappe, des fromages italiens type Gorgonzola, les roqueforts « surchoix », brie fin, maroilles du nord, etc… À signaler aussi que la société avait une Maison d’achat et des caves à Herzogenbuchsee (Suisse), pour sélectionner et acheter les meilleures pâtes cuites pressées comme le Beaufort, le Gruyère ou le Comté.

1903, Employés Voleurs : Monsieur Herson, marchand de fromages en gros, rue Berger, numéro 17, s'étonnait, depuis quelque temps, de voir disparaître rapidement des « boules de Hollande » et ses « meules de Gruyère ». Une surveillance des plus actives fut exercée par le service de la Sûreté et, hier, des agents en bourgeois mettaient en état d'arrestation trois employés, Maurice Fourmillot, 17 ans, Louis Selves, 34 ans, et Jean Salgues, ? ans. Conduits par devant M. Bureau, commissaire de police des Halles, ces individus furent, après interrogatoire, envoyés au Dépôt. (Le Journal 30 janv 1903)

1913, Elle a Volé 30,000 francs de fromages, mais c'était pour un artilleur : En faisant ces jours derniers, son inventaire annuel, M. Herson, marchand de fromages en gros, 17, rue Berger, constata avec stupeur que d'importants détournements avaient été commis à son préjudice. Il appela aussitôt ses trois caissières, leur signala les vols dont il était victime et les pria de rechercher si elles n'en trouvaient point trace dans la comptabilité. Après un examen assez long, deux des caissières découvrirent sur certains livres des surcharges et des grattages, elles prévinrent M. Herson, et les soupçons se portèrent sur la troisième caissière, Mlle Henriette Delbos, âgée de vingt-deux ans.
M. Durand, commissaire du quartier des Halles, dès qu'il fut saisi régulièrement de l'affaire, fit amener à son cabinet Mlle Delbos. L'interrogatoire fut long. La jeune femme se défendait adroitement, mais le commissaire eut le dernier mot. : la caissière avoua que depuis un an environ elle avait volé une trentaine de mille francs à son patron. Ingénument elle raconta qu'elle était fort éprise d'un jeune sous-officier d'artillerie caserné au fort de-Bruyères. Comme elle ne gagnait que 90 francs par mois, il lui était difficile de venir en aide à son ami ; alors elle puisait dans la caisse de son patron. Elle ajouta que, pour ménager la susceptibilité de Gacq, à qui elle envoyait régulièrement chaque mois une somme de 200 francs, elle lui avait dit qu'elle avait hérité d'un de ses amis. Une perquisition opérée dans la chambre de la jeune fille, rue du Faubourg-Saint-Denis, 82, amena la découverte d'une somme de 1,800 francs, de nombreux bijoux et de récépissés de dépôts dans un établissement financier. Pendant que M. Durand perquisitionnait, le sous-officier eut la mauvaise idée de se présenter au domicile de son amie. Sans hésiter le magistrat le mit en état d’arrestation.

paris-019.jpg Paris-019B Parisherson-1NV

Parisherson-2NV Parisherson 3nv

1913, L'Exposition Universelle de Gand (Septembre 27) : Le grand succès que vient d'obtenir à Gand la société des Établissements Herson, 17, rue Berger, à Paris, pour la superbe exposition de ses fromages fins de toutes espèces, s'est traduit par l'attribution d'un grand prix, qui vient s'ajouter aux nombreuses récompenses déjà obtenues par cette maison ancienne. Les Etablissements Herson, dirigés par M. A. Herson, chevalier de la Légion d'honneur, officier du Mérite agricole, sont en effet. réputés partout pour l'excellence de leurs fromages, provenant de leur fabrication ou des grandes marques de France et de l'étranger dont ils sont les entrepositaires-affineurs. Ils sont également les représentants des marques les plus célèbres, telles que les « Camemberts » et les « Pont-l'Evêque des Princes », portant, marque de la firme, une « couronne royale ». Les vrais gourmets accordent une préférence méritée à ces fromages en les demandant dans toutes les bonnes maisons. Les Établissements Herson ont étendu leur activité commerciale jusqu'aux confins de nos plus lointaines colonies en préparant, par un procédé spécial et breveté, des conserves de « Camemberts des Princes » destinées aux pays chauds, ..portant également une « couronne royale, marque réservée aux seuls fromages de choix.

1915, Incidents aux Halles (12 octobre) : Nouvel incident aux Halles de Paris à propos du fromage. Le préfet de police et le ministre de l’intérieur interviennent et convoquent M. Herson, Président du Syndicat des Fromages en Gros. Le camembert se fait rare, et une grande partie des arrivages est revendue aux armées. (Journal Le Matin). (La France est en guerre, de nombreuses denrées alimentaires comme les fromages sont acheminées au front, les prix grimpent.......)

1919, Lettre de M. Herson au Ministre de l'Agriculture : Le président de l'Union syndicale des marchands en gros de fromages, beurres et oeufs, M. Herson, vient d'adresser à M. Noulens, ministre de l'agriculture, une lettre dont voici la conclusion : Nous demandons le rétablissement de la criée pour tous les fromages sans exception, et la suppression absolue de la resserre, sauf pour les marchandises arrivant après la clôture des ventes, et l'affichage générale de tous les produits mis en vente, en tous lieux, gros et détail.

1923, L'Exposition Générale d'Industrie Laitière : En 1923, se tenait à Paris, au Champ-de-Mars, l’Exposition Générale d’Industrie Laitière. L’organisation de cette manifestation était due à  un comité de personnes dont M. Paul Cabaret, directeur honoraire au ministère de l’agriculture, Paul Mercier, député, Gabriel Dayné, Achille Herson, et d’autres ….

Pierre Boisard, dans son livre « Le Camembert Mythe Français » mentionne Achille Herson, un négociant en fromages parisien, particulièrement friand de références royales, avec la création de marques comme le « Camembert de la Couronne Royale » ou « Le Camembert des Princes » Il ajoute : « Faut-il en déduire pour autant une orientation politique antirépublicaine ?
Nous aimerions répondre à cette interrogation : politique et affaires ne font pas bon ménage. Achille Herson était un commerçant très avisé, et avait un sens aigu des affaires. Officier du Mérite Agricole, Chevalier de la Légion d’Honneur, il était le fondateur et le président de la Chambre Syndicale des Marchands de Beurres, Œufs, Fromages et Crémiers de Paris. Il était aussi propriétaire d’une fromagerie moderne depuis 1898, à Gaillon, près de Meulan (Seine & Oise), avec outillage perfectionné pour l'époque, vapeur, puis électricité, où les ouvriers avaient une part dans les bénéfices, en plus de leurs salaires fixes. Il avait institué aussi la participation aux bénéfices dans une succursale de Paris. Contrairement au camembert, l’argent n’a pas d’odeur, et les références à la monarchie ne sont là que pour rappeler ou suggérer la noblesse d’un produit, et son ancrage dans l’histoire et le passé.

Herson-Achille (Pubentete-01)    75-Mouriès-Cie 

Monsieur Achille Herson va céder son affaire à une date indéterminée à ce jour à la société MOURIÈS & CIE L’année de cession la plus probable semble être 1937, avec le renouvellement des principales marques de l’ancienne maison Herson, par Mouriès & Cie; Une facture de la société Mouriès de 1942, mentionne déjà les Anciens Ets Herson.

 

 

Herson-gd3nv (17 rue Berger)

HERSON ACHILLE 17, RUE BERGER, PARIS 1er [CP Coll privée JMB]

1907, Tribunal de la Seine, imitation frauduleuse de marque Herson contre Bauray et Verdeaux.

Ainsi jugé :Le Tribunal, Attendu qu’Herson ès qualités, excipant de sa qualité de propriétaire de marques de fabrique servant à désigner un genre de fromages dont il fait commerce et qui vendu sous les noms de « Petits fromages normands », « Le Petit Normand » et « Fromage Normand » est présenté au public par série de six fromages revêtus eux-mêmes de la marque de fabrique, enveloppés dans une feuille de papier d'étain, portant une étiquette, et enfermés dans de petites caisses en bois de forme rectangulaire allongée dont les grandes faces sont formées par des brins de paille maintenus par deux traverses de bois, les cotés pleins étant recouverts complètement d'étiquettes de papier bleu sur lequel des inscriptions s’enlèvent en lettres blanches, et prétendant que Verdeaux met en vente, rue Pirouette, à Paris, sous le nom de « Fromages de la Petite Normande », par série de six, dans les mêmes conditions d'emballage et d'arrangement, sous des étiquettes qui, parla disposition, la forme et la couleur sont des copies manifestes des siennes, des fromages de même dimension ; enfin que ces fromages sont livrés tout conditionnés à Verdeaux par Bauray, demande la condamnation solidaire de Verdeaux et de Bauray, en réparation du préjudice ainsi causé par imitation frauduleuse de marque de fabrique à des dommages-intérêts à fixer par état, à une provision de trois mille francs et à l’ insertion du jugement à intervenir dans quatre journaux à son choix;

Atttendu que Verdeaux, soutenant avoir agi de bonne foi, déniant que les étiquettes des produits de Bauray soient une imitation de celles d'Herson ès qualités; excipant enfin de ce que la forme qu'affectent les fromages de ce dernier et le conditionnement de leur emballage sont tombés dans le domaine public, conclut à sa relaxe ;

Attendu que Bauray, soutenant que Herson ès qualité n'est recevable à exciper devant la juridiction pénale de rien autre chose que de l’imitation frauduleuse de l'étiquette par lui déposée, déniant cette imitation et aussi qu’un préjudice ait été causé, conclut aussi à sa relaxe;

Attendu en droit, que le bien fondé de la demande est subordonné à trois conditions : l’imitation matérielle de la marque, l’intention coupable de celui qui en a fait usage, et le fait que l'imitation était de nature à tromper l’acheteur ;

Attendu, en fait, que la marque prétendue imitée est spécifiée à l’acte de dépôt être notamment susceptible de revétir toutes couleurs et dimensions et d’être appliquée à tous emballages ; qu’ainsi apparaissent seulement caractéristiques de la marque les énonciations : « Petit Fromage Mormand. Médaille d’or » et deux médaillons, l’un représentant une tête d’homme coiffée d'un bonnet normand, l'autre le recto d’une médaille d’exposition.

Attendu que, la marque des produits de Bauray est caractérisée par les énonciations : « Fromage de la petite Normande. Médaille d’or. Paris 1905 » et les étiquettes apposées sur les boîtes seulement, par un médaillon représentant la République sous forme d'un profil féminin ;

Attendu que, l’étiquette de la marque Herson ès qualités apposée sur le papier d’étain enveloppant ses fromages revêt la forme d'un rectangle de papier blanc portant sans encadrement,disposées sur trois lignes en caractère rouge, les deux inférieures flanquées à gauche du médaillon à figure humaine, à droite de la médaille d’exposition, les énonciations : « Petit fromage Normand. Médaille d’or, Paris 1896. »

 Attendu que l’étiquette apposée sur l’enveloppe de papier d'étain des fromages de Bauray, revêt la forme d’un trapèze très voisin d'un rectangle, présentant la même surface que l’étiquette sus-décrite où les trois énonciations caractéristiques sont déposées sur trois lignes en caractère rouges, dans l’encadrement d'un double filet rouge ;

Attendu que, sur les boîtes d’emballage, la marque d'Herson, ès qualités, est figurée sur chacun des grands côtés pleins, par une étiquette de papier fond bleu, cur lequel s'enlève en blanc de gauche à droite, le médaillon à figure d’homme; puis, en lettres capitales, énonciation : «Petits Fromages Normands »; que sur chacun des petits côtés en caractères plus petits s’enlevant en même couleur sur même fond et sur deux lignes l’énonciation : « Médaille d’or, Paris 1896 » ;

Attendu que, sur les boîtes d’emballage des fromages de Bauray, les grands côtés sont revêtus d'une étiquette de même dimension que celle ci-dessus décrite, où, sur le même fond bleu, en mêmes caractères blancs, s'en lève de gauche à droite le médaillon représentant une tête de République encadrée de façon analogue, puis l’énonciation : « Fromages de la petite Normande »; que les mêmes boites sont revêtues sur les petits cotés d’étiquettes de même forme, mêmes dimensions, même fond bleu que celles d’Herson, ès qualités et où se détachent en lettres blanchies analogues, aussi sur deux lignes, énonciation : « Médaille d’or. Paris 1905, dépôt 11, rue Pirouette » ;

Attendu que ces constatations de fait établissent à la fois à l’encontre de Bauray les trois faits constitutifs du délit qui lui est reproché ; que l’identité de conditionnement de l’emballage, du nombre de pièces et de leur forme sous lesquels les produits de Bauray sont présentés au public, quelque tombé dans le domaine public qu’il puisse être, concourt manifestement à tromper l’acheteur ;

Attendu que Verdeaux a son magasin à proximité du dépôt d’Herson ès qualités ; qu'il n'a pu ignorer la large publicité faite de ses marques et produits par Herson ès qualités; qu'il excipe donc vainement de sa bonne foi ;

Attendu que la prévention est donc établie à l’égard des deux prévenus ;

Attendu que, par ce délit les prévenus ont conjointement causé à Herson ès qualités un préjudice dont réparation est due; que le Tribunal possède dès à présent les éléments nécessaires pour évaluer ce préjudice ; qu'il n’est pas justifié que les faits retenus à la charge des prévenus aient commencé avant septembre 1906 et se soient prolongés postérieurement au 18 octobre suivant ; que, dans ces circonstances, une somme de 200 francs et l’insertion du jugement par extrait dans un seul journal sera pour Herson ès qualités une réparation suffisante du préjudice causé.

Par ces motifs, Déclare Bauray coupable d’avoir, depuis moins de trois ans, en France, fait une imitation frauduleuse de la marque de fabrique appartenant au demandeur et d’avoir mis en vente et vendu des produits revêtus de ladite marque frauduleusement imitée ;

Déclare Verdeaux coupable d’avoir, depuis moins de trois ans, à Paris, sciemment mis en vente et vendu des produits revêtus de la même marque frauduleusement imitée ; Délit prévu et puni par l’article, 8 de la loi du 23 juin 1857; Faisant application de cet article ; Condamne Bauray et Verdeaux chacun et solidairement à 50 francs d’amende; Et statuant sur les conclusions de la partie civile ; Condamne Bauray et Verdeaux solidairement par toutes voies de droit et même par corps à payer au sieur Herson ès qualités la somme de 200 francs à titre de dommages-intérêts; Autorise le demandeur à titre de supplément de dommages-intérêts à faire insérer ce présent jugement par extrait dans un journal de son choix aux frais solidaires des condamnés sans toutefois que le coût de cette insertion puisse excéder 50 francs. Les condamne en outre solidairement aux dépens. Plaidant : M° Ledebt, avocat, pour M. Herson.

Serge Schéhadé [Camembert-Museum, le 1er mars 2015]

 

Source : BNF-Site de Presse, la Loi du 17 mars 1907.

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 02/10/2020