Gévelot Jules (Bellou 61)

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GÉVELOT JULES Domaine de Dieufit [BELLOU-EN-HOULME 61] Gevelot jules 61

Le vaste domaine de Dieufit en Bellou-en-Houlme est situé à l'extrémité est du canton de Messei, qui appartient à la contrée occidentale du département de l'Orne, et sur un des points les plus élevés des collines de Normandie, séparant le bassin de l'Orne de celui de la Loire. La terre végétale de ce vaste domaine varie assez dans sa constitution. Le calcaire y fait défaut et elle nécessite beaucoup d'engrais et de travail pour donner des résultats satisfaisants. Le défrichement de cette propriété, achetée en 1862, à l'état de bruyères, landes ou mauvais bois taillis, du précédent propriétaire, M. Bertrand, alors maire de Caen et député du Calvados, qui l'avait lui-même acquise par suite d'une concession faite par l'Etat quelques années auparavant, fut opéré très promptement, pendant la crise cotonnière de 1864 qui fournit à cette entreprise jusqu'à 1.600 ouvriers y travaillant à la fois.

Le défrichement, le nivellement des terrains, la mise en culture, la construction dévastes bâtiments d'exploitation, d'un magnifique château et autres constructions très importantes, ne nécessitèrent que fort peu de temps, et là où l'on ne rencontrait qu'une lande stérile et inculte, des bruyères et quelques bois chétifs, existent maintenant, à côté de bâtiments agricoles immenses et bien compris, des jardins et parcs de premier ordre qu'entourent de tous côtés de grandes plaines couvertes de récoltes et de vastes prairies et herbages, nourrissant de nombreux chevaux et bestiaux de premier choix.

Cette merveilleuse transformation est entièrement due à M. Gévelot, alors grand industriel à Paris, qui est ainsi devenu le bienfaiteur des ouvriers de la contrée et que l'arrondissement de Domfront tout entier, enthousiasmé de ce que peuvent l'intelligence, la persévérance, le travail et les capitaux appliqués à l'industrie agricole, nomma député de l'Orne au Corps législatif en 1869, et auquel le même mandat a toujours constamment été renouvelé depuis lors. L'étendue de cette vaste propriété est d'environ cinq cent quarante hectares, d'un seul tenant, comprenant les terres de culture, herbages, prairies, bois taillis et bosquets de réserve, ce qui ne représente guère que le tiers des possessions de M. Gévelot dans le même arrondissement de Domfront, où il a acquis aussi plusieurs autres fermes et forêts, Halouze et autres.

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La vaste étendue du domaine de Dieufit devant pourvoir à la nourriture d'un grand nombre de bestiaux, le propriétaire songea à y fonder une fromagerie ; des installations dans le genre de celles du Pays-d ‘Auge eurent lieu, et la fabrication des fromages Camembert y commença dès 1866 et se continue toujours. Les débuts de cette industrie, la première créée dans l'arrondissement de Domfront, ayant été assez encourageants, on abandonna peu à peu la majeure partie de la culture rotative des céréales, généralement en usage dans la contrée, pour coucher en prairies artificielles et en herbages permanents, afin de pouvoir entretenir un plus grand nombre de vaches laitières; c'est ainsi que l'exploitation possédait plus de trois cents têtes d'animaux de l'espèce bovine en 1873-74, dont plus de la moitié comme vaches laitières de premier choix, et pouvait fabriquer jusqu'à huit cents fromages par jour avec ses seuls produits. Au début, les terres nouvellement défrichées et chargées d'humus, auquel il fut ajouté une prodigieuse quantité de chaux, produisaient des récoltes très considérables de grains, et on compta pour une seule année plus de 140.000 gerbes de magnifique froment. Il y a aussi de beaux produits en avoine et racines fourragères. Il a été planté aussi plus de six mille pommiers et plus de 12 kilomètres de haies d'épines formant clôtures.

L'installation des bâtiments d'habitation et d'exploitation existe sur une cour située presque au centre de la propriété, entourée de murailles et d'arbres verts de belle venue. Vers l'est et l'ouest sont les entrées garnies de grilles, près desquelles sont les pavillons des concierges, gardes et jardiniers, puis, au centre, grande et vaste construction comprenant maison de maître et château complétés par une serre magnifique, cour d'honneur séparée par un grillage de la cour de la ferme, sur laquelle sont édifiés d'immenses bâtiments agricoles, comprenant en neuf corps principaux : trois vacheries, écuries de ferme, écuries réservée et d'élevage, bergerie pouvant contenir plus de mille moutons qu'on y entretenait au début, porcherie de près de cent mètres de longueur, comprenant vingt-quatre logereaux toujours garnis, granges, vastes magasins et greniers, ateliers divers, forges, hangars, remises, caves, pressoirs, citernes et réservoirs, formes à fumier, grande bascule pour tous chargements, fromagerie, basse-cour, jardins et jardins d'hiver, eau d'alimentation avec robinets en plus de vingt endroits, avant-toit formant hangars devant les deux principaux corps de bâtiments de cent métrés de longueur chacun, pouvant recevoir une vingtaine de grandes voitures chargées de récoltes, etc., etc.

Source : Annuaire des cinq départements de la Normandie / publié par l'Association normande en 1905.

 

 

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 04/10/2017