Graffet (Le Mesnil-Bacley 14)

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FROMAGERIE GRAFFET [LE MESNIL-BACLEY, 14] [PORTAIT D'UNE FAMILLE ET D'UN TERRITOIR]

Georges Graffet (Castillon-en-Auge, 1853-Mesnil-Bacley, 1910), il commença ses études à l’école de Livarot, et les termina au Collège de Lisieux. C’est à partir de 1882, que La famille Graffet s’installe au Mesnil-Bacley. Nommé Conseiller Municipal, M. Graffet devient rapidement Maire, et dans ces délicates fonctions, il va se montrer un excellent administrateur. Délégué Cantonal, Président de la Caisse Locale du Crédit Agricole de Livarot, c’était un homme accueillant, affable et bon. Marié, il avait un fils Henri Graffet.

Henri Graffet va créer vers 1920, une fromagerie au Mesnil-Bacley, au Logis de la Saminière, dans un ensemble de bâtiments autour du Manoir de la famille, dont voici une brève description : Le manoir de la Saminière est situé au sommet d’un coteau qui domine le versant ouest de la vallée de la rivière de la Vie. La demeure de plan rectangulaire a été construite à la fin du XVIIe siècle ou au début du XVIIIe siècle. La façade est constituée de six travées limitées par des poteaux qui s’élèvent d’un seul jet de la sole jusqu’à l’étage. La verticalité des pans de bois est rompue à l’étage par une seule écharpe oblique. Les allèges des fenêtres sont soutenues par des croisillons et la fenêtre de l’étage de la travée centrale est encadrée par un décor en feuilles de fougères. De chaque côté de l’escalier central, deux grandes salles avec cheminées, prolongées chacune par une pièce plus petite, forment le rez-de-chaussée.

Le 03 mars 1923, dépôt d’une marque de fromage. M. Graffet sera récompensé plusieurs fois pour la qualité de ses fromages : Tout d’abord en 1926, Médaille d’Or au Concours Général Agricole de Paris, puis en 1931, Prix d’Honneur au Concours Général Agricole de Paris. Sur sa propriété, M. Graffet fabriquait aussi des eaux de vie de cidre 1er choix. Cessation d’activité vers 1940.

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Le 29 août 1928, Remise de décorations & discours, par le Maire du Mesnil-Bacley  : "Le mercredi 29 août, a eu lieu à Livarot, hôtel du Vivier, un banquet offert par la Municipalité à M. Ernest Bourguais, ancien instituteur, secrétaire de Mairie, Chevalier de la Légion d'Honneur, et à M. Gaston Fromage, agriculteur, Chevalier du Mérite Agricole. À cette réunion intime, présidée par M. Henri Graffet, maire de Mesnil-Bacley, assistaient M. Henry Chéron, sénateur, président du Conseil Général, ancien ministre, chargé de la remise de ces deux décorations, M. Bussière, Sous-Préfet des arrondissements de Lisieux et Pont-l'Evêque ; M. Lanier, inspecteur primaire et Madame ; M. Georges Bisson, conseiller d'arrondissement, maire de Livarot ; M. André Fromage, maire de St-Michel-de-Livet ; la famille de M. Bourguais et Messieurs les Conseillers Municipaux de Mesnil-Bacley. Ce déjeuner excellent et bien servi par M. Talbot, maître d'hôtel, fut gai et rendu intéressant par M. Henry Chéron qui rappela de vieux et doux souvenirs ; il eut un mot aimable pour tous les convives. Au Champagne, le président, M. Henri Graffet prononça deux beaux discours :

Monsieur le Sénateur, Mesdames, Messieurs,

Ce m'est un devoir très agréable de prendre la parole dans cette cordiale réunion pour exprimer à notre cher M. Bourguais la sympathie de la commune de Mesnil-Bacley. Je suis heureux de voir à cette  fête ce caractère de large intimité qui groupe autour de lui connue une grande famille. S'il en est ainsi, c'est grâce aux concours nombreux et empressés sur lesquels je me dois d'insister. Qu'il me soit donc permis ici de remercier M- Chéron, notre distingué sénateur, d'avoir bien voulu faire trêve à ses multiples occupations pour être des nôtres le plus cordialement du monde. Et vous aussi, M. le Sous-Préfet, qui avez mis un tel empressement à nous assurer votre présence. Je n'aurai garde d'oublier, M. l'Inspecteur primaire, l'amabilité avec laquelle vous avez su répondre à notre appel, et M. le Conseiller d'arrondissement, votre bon acquiescement à l'invitation de M. Bourguais et à la nôtre. Mes derniers remerciements iront toutefois à votre aimable famille, M. Bour- guais, qui a su comprendre et admettre avec tant de tact et de délicatesse, l'esprit, je dirai familial, dans lequel nous voulions faire cette réunion et partager avec nous cette journée qu'elle aurait pu jalousement garder. Autour de vous, cher M. Bourgais," ce n'est aujourd'hui que sympathie et affection. Chacun de nous se réjouit de vous voir à l'honneur et il m'est particulière- ment agréable de penser que cet honneur vous échoit pendant le temps de votre collaboration à nos services municipaux. Aussi, est-ce avec une émotion profonde et une joie sincère que je viens, en mon nom personnel et au nom du Conseil municipal vous féliciter de la haute distinction dont vous êtes aujourd'hui l'objet. L'affection que vous portez à votre famille a fait que votre retraite d'instituteur se passe au milieu d'elle et la nomination de M. Delfaure au poste de directeur de l'école communale de Livarot nous assura par là le plus ponctuel et le plus délicat des secrétaires. A l'heure, en effet, où tant d'autres se fussent accordé un repos bien mérité, votre inlassable activité vous poussait à accepter le Secrétariat de la Mairie de Mesnil-Bacley, bien petite commune qui, malgré tout, réclame presque toujours la présence du secrétaire, et votre dévouement n'hésite pas à sacrifier quelques jours de vacances pour assurer d'une façon impeccable la fonction qui vous incombe. Le titre qui vous est confié aujourd'hui est la juste récompense de services aussi éminents que nombreux ; c'est le prix d'une vie entière consacrée à l'éducation de notre belle jeunesse française et à la bonne organisation des secrétariats où vous êtes passé : vie de travail et d'abnégation que la guerre porta à son apogée, et certes, vos sublimes mérites ne pourraient recevoir que le noble salaire, réservé aux hommes d'élite dont vous venez de grossir la glorieuse phalange. Daignez donc accepter, cher M, Bourguais, au nom du Conseil municipal de Mesnil-Bacley, cette croix de la Légion d'honneur, faible témoignage de notre vénération et de notre gratitude. Laissez- moi souhaiter qu'elle auréole très longtemps de son discret rayonnement nos assemblées communales et nos intimes entretiens.

Cher Monsieur Fromage

Permettez-moi d'associer votre nom à celui de M. Bourguais en ce jour glorieux pour la commune de Mesnil-Bacley, qui a le plaisir et l'honneur de fêter deux héros. II y a longtemps, vous le savez, que le Conseil municipal avait projeté de vous remettre cette croix de Chevalier du Mérite Agricole, insigne du titre qui vous est décerné. Plusieurs deuils cruels vous ayant frappé successivement ont retardé notre projet jusqu'à ce jour où nous sommes à la fois heureux et fiers de profiter de la présence des hautes personnalités qui ont bien voulu répondre à notre appel, pour l'attacher sur votre poitrine. Vous voudrez bien, mon cher ami, faire trêve un instant à votre modestie habituelle pour me permettre de vous dire que cette distinction ne fut jamais mieux méritée. N'êtes-vous pas un de ces fils de la terre normande qui reçûtes dès l'enfance, les principes de l'ordre, du travail, de la diligence, de la fidélité à l'œuvre agricole qui ont fait de vous un modèle des agriculteurs, un de ces artisans dont le labeur incessant est une des sources de la richesse et de la prospérité do notre pays. En ajoutant à ces incontestables mérites vos qualités, de cœur, cette obligeance, cette bonté qui est le fonds de votre caractère et vous assure l'estime et la sympathie générales, vous ne serez pas surpris de savoir que tous ont applaudi de grand cœur et se sont réjouis sincèrement de l'honneur qui vous était fait. C’est bien cordialement que je vous en félicite, en mon nom personnel et au nom du Conseil municipal et que nous vous prions de voir en ce modeste souvenir un témoignage de notre estime particulière, de notre gratitude pour votre si active collaboration et du lien de bonne camaraderie qui unit tous les membres de notre assemblée communale. Je lève mon verre aux deux héros de cette journée, au très honorable et sympathique M. Bourguais, à notre Adjoint si unanimement estimé, à vous, Messieurs qui, à différents degrés et à différents titres, êtes les représentants de l'élite de la nation ; à toute cette charmante et aimable assistance dont la présence fait l'un des charmes de cette réunion.

M. le Sous-Préfet, dans son discours très applaudi, adresse ses plus sincères compliments à M. Bourguais pour les services rendus pendant sa longue car- rière dans l'enseignement et dans l'Administration qui lui ont valu avec jus- tice la Légion d'Honneur. I1 remercie vivement M. Henri Graffet, Maire, et le Conseil Municipal de l'avoir convié à celle fête si familiale de la reconnaissance et du souvenir. Ensuite il fait, les éloges de M. Gaston Fromage, Chevalier du Mérite Agricole. Puis M. Henry Chéron s'associe de tout cœur aux éloges adressés à M. Bourguais. « C'est un vieil ami que je connais depuis 40 ans et dont j'ai gardé le meilleur souvenir. Dans les luttes politiques et locales il a toujours gardé son indépendance ; dans les discus- sions il intervenait à propos et souvent il avait raison. Mon cher ami, vous pouvez servir d'exemple à vos collègues, vous terminez glorieusement votre longue carrière qui est couronnée de la Croix de la Légion d'Honneur que je suis heureux d'épingler sur votre poitrine ». Se retournant ensuite vers M. Gaston Fromage il lui remet la Croix du Mérite Agricole, comme excellent cultivateur. M. Gaston Fromage ému, remercie M. Chéron, M. Graffet, M. le Sous-Pré- fet des compliments qui lui sont adressés et leur exprime toute sa reconnaissance. M. Chéron termine en remerciant très cordialement M. Graffet et la Municipalité de cette fête de la reconnaissance dont il emportera un bon souvenir.

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Jean Graffet est le fils d’Henri Graffet. Il est né le 09 février 1920. Dépôt de deux marques de camembert le 02 mars 1938 « Camembert Graffet Logis de la Saminière » et « Camembert Supérieur Graffet ». Il avait 20 ans en 1940, quand il fut prisonnier des allemands pendant la guerre. (Ref Centre National d’information sur les prisonniers de guerre, liste officielle n°74, datée du 13 février 1941.

Serge Schéhadé [Camembert-Museum, première publication le 27 février 2017]

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 17/12/2021