Les Docks Rémois (51)

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LES DOCKS RÉMOIS [REIMS 51]

C’est en 1887 que les maisons Raveaux et Louis Théron, Degand, Quentin, Georget & Descubes et Collet-Roger, épiciers en gros à Reims, décident de s’unir pour former la Société Anonyme Les Docks Rémois. Le siège social se situe alors Boulevard Roederer à proximité de la gare. L’activité démarre le 1er janvier 1888. L’objectif est de fournir les épiciers détaillants et leurs propres succursales qui prennent le nom de FAMILISTÈRE RÉMOIS. Le nombre de ces succursales va augmenter avec le temps et le développement de la société pour atteindre les 1800 Familistères. Ce regroupement va permettre de toujours vendre des produits frais aux prix les plus bas. En 1905, l’acquisition d’un terrain de plus de neuf hectares au Petit Bétheny permet d’augmenter fortement la surface d’entreposage. En 1914, les Docks Rémois sont implantés dans 14 départements. 2000 personnes y étaient employées entre les deux guerres. Au début des années 1920, les Docks Rémois s’offrent un nouveau siège social à Reims. Un immeuble imposant d’une superficie de 2110 mètres carrés.

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Les immenses entrepôts de Bétheny dans la Marne dans les années 1960.

Les Docks Rémois c’est des produits d’épicerie, charcuterie, boulangerie, chocolaterie, des vins, des vêtements, des huiles mais aussi des produits laitiers et c’est ce qui nous intéresse ici. Le service de la crémerie comprenait les œufs, les beurres, les fromages de toutes sortes, les volailles et la pâtisserie. Les produits frais ne pouvaient être stockés longtemps d’où l’importance de transports fiables et rapides par voie ferrée. Le principal souci de cette société à succursales multiples était de livrer des fromages au même degré d’affinage dans tous leurs points de vente. Les beurres étaient achetés puis retravaillés en les malaxant. Le paquetage du beurre s’effectuait sur place.

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LES FAMILISTÈRES : Avant la Grande Guerre, les succursales occupaient parfois des bâtiments en location. Pendant le conflit, de nombreux points de vente seront détruits. A la fin de la guerre, des succursales occuperont même des baraquements provisoires. En 1925, les affaires reprenant, les dirigeants confient à Paul Gosset, architecte connu de l’époque d’imaginer un nouveau style de magasins construits avec des matériaux de grande qualité. Deux modèles sont proposés. L’un pour la campagne et l’autre pour les villes. Paul Gosset va restaurer 46 immeubles et construire 56 nouveaux rien qu’à Reims. La standardisation des succursales est voulue pour les rendre identifiables par le consommateur. Ainsi, un Familistère comporte des façades en briques rouges sur la rue avec une frise de briques vernissées vertes fournies par l’entreprise, et elle est couverte par de la tuile panne rouge de Beauvais ou du Nord. L’enseigne est réalisée par 2 couches de vert anglais n°1 avec pointe de blanc de céruse ou de zinc, et l’inscription en lettres égyptiennes noires avec deux épaisseurs à deux tons. La maison envoie ensuite des carrelages céramiques, les cheminées en bois pour les chambres à l’étage, les WC, la quincaillerie, les papiers peints et les lampes du magasin. Chacune des boutiques offre des articles très divers : épicerie, pain, charcuterie, œufs, lait, fruits, légumes, volailles, droguerie, confiserie, vin, liqueurs, mercerie, lingerie, bonneterie, chaussures, vêtements de travail, brosserie, quincaillerie, papeterie, jouets, charbon … L’espace étant assez réduit, la rotation rapide des stocks garantit la fraîcheur des produits frais. Les équipements, les comptoirs épicerie, liquide, mercerie et les vitrines sont également identiques dans les nouveaux magasins. Ils sont conçus dans la menuiserie installée dans les entrepôts des Docks Rémois à Bétheny et un service en assure également le montage et l’installation. Cette standardisation sera profitable à la société puisqu ‘elle donne au consommateur l’assurance de retrouver le même produit au même prix dans chacune des enseignes.

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LA FIN D’UN SYSTÈME : Dans les années 1950/1960, les modes de consommation évoluent et changent. Les Docks Rémois tentent tant bien que mal à s’adapter. Ils créent un hypermarché Radar en 1968. Dans le même temps des succursales ferment au profit d’une supérette. Le phénomène touche aussi bien la ville que la campagne. A la fin des années 1960, on assiste à des rapprochements et des fusions d’entreprises de différents secteurs. Les Docks Rémois deviennent RADAR.Le Crédit Commercial de France et l’Union des Assurances de Paris détiennent désormais la majorité du capital. Les enseignes Familistère disparaissent en 1975. Les premières vraies difficultés apparaissent en 1982, avec un bilan déficitaire et des pertes de 100 millions de francs. 15 hypermarchés sont vendus à CORA en 1984, sans pour autant résorber entièrement les pertes.En 1985,le groupe Félix Potin lance une Opération Publique d’Achat. Les bâtiments seront repris par d’autres et les Docks Rémois disparaîtront.

Serge Schéhadé [Camembert-Museum, le 07 août 2021]

 

Date de dernière mise à jour : 07/08/2021