Bruno Lucien, Ferme de la Vieille Rue, Fromagerie à La Chapelle-aux-Pots (Oise 60)

Bruno Lucien (Fromager 60)

FERME DE LA VIEILLE RUE, BRUNO LUCIEN [LA CHAPELLE-AUX-POTS 60]

Le camembert est connu pour être l’une des icônes de la nourriture française, mais connaissez-vous le camembray ? Il s’agit d’un camembert au lait cru fabriqué dans l’Oise. Bruno Lucien, situé à Lachapelle-aux-Pots, en est le concepteur. Sous sa carrure de rugbyman, ce producteur d’Armentières, hameau de Lachapelle-aux-Pots, est un passionné du milieu agricole. «Après mon service militaire, j’ai travaillé en entreprise agricole, à Agribray. Je m’occupais notamment du fauchage d’accotement. Par la suite, j’ai pris le pari de reprendre la petite exploitation de mes parents qui prenaient leur retraite, basée dans le centre de la ville .Il s’agissait de 50 hectares avec 30 vaches à lait. Je voulais que notre exploitation familiale perdure. Du coup, je me suis développé, j’ai délocalisé l’exploitation un peu plus loin afin d’agrandir le terrain de 25 hectares de plus. Tout d’abord, on a construit un premier hangar pour les vaches. Puis après avoir fait la mise aux normes de la ferme en 2013, j’ai commencé à avoir l’idée de me diversifier. Le problème, c’est qu’il faut de la main-d’œuvre et je ne pouvais pas dire à ma femme d’arrêter de travailler. Dès que mon fils, Alexandre, a fini ses études, il a voulu m’aider à reprendre pleinement l’exploitation afin de développer la diversification.»

Après de nombreuses batailles avec la banque pour mettre en œuvre son projet, la famille de Lucien a reçu une réponse positive. Ils se sont donc lancés, avec l’aide de la Chambre de l’agriculture et l’ARVD (association de ventes direct du Nord-Pas-de-Calais), dans cette aventure. «On a été agréablement surpris» souligne Bruno Lucien car «les banques connaissent le contexte agricole. Très sérieusement, avec la crise laitière que l’on vient de passer, si l’on n’avait pas monté ce projet et si mon fils ne s’était pas installé dans l’exploitation, aujourd’hui la ferme n’existerait plus, c’est certain !»

Et le fromage dans tout ça ? Dès lors, pour prouver sa combativité, il a investi près de 12.000 euros pour construire un laboratoire afin de fabriquer des yaourts et des fromages. Après quelques semaines de formation, l’autodidacte, ne voulant pas faire comme ses voisins fromagers, décide de faire un camembert bien à lui et original, le Camembray. «Le nom a été assez simple à choisir, on est dans le Pays de Brays et c’est un camembert. Le résultat est assez logique. Cependant, j’ai choisi le camembert pour faire un clin d’œil à l’ancienne fromagerie de Lachelle-aux-Pots qui faisait le camembert de l’étoile. De plus, si l’on regarde bien notre logo, c’est une vache qui fait un clin d’œil afin de faire cette référence. À la place de la cloche, nous avons voulu mettre le Camembert de l’étoile sauf que ce dernier ressemblait, en prenant du recul, à l’étoile de David, donc on l’a enlevée (rire)».

Bruno Lucien (Camembray)

Cependant, Bruno Lucien peine entre la création de son Camembray et les autres produits laitiers. «Il me faudrait une pièce supplémentaire car la conception du fromage mobilise le laboratoire durant deux jours. Une alternative était donc indispensable pour faire vivre son exploitation et valoriser le travail d’Alexandre». Il a donc élargi sa gamme de manière prodigieuse.

Bruno Lucien fabrique désormais du fromage blanc dans toutes ses déclinaisons : de la faisselle, du fromage blanc lisse, du fromage campagne fermier, fromage blanc aux fruits, de la crème crue, du lait pasteurisé entier et demi écrémé, des yaourts avec 12 parfums différents sans compter le nature, et la liste est encore longue. Tout cela sous les mains d’un seul homme. «On a une très forte demande de ces produits. Je livre un peu partout, que ce soit dans les collectivités, dans les maisons de retraites et même dans les grandes distributions. Il m’est arrivé de livrer jusqu’à Amiens. Je produis en moyenne 2.500 yaourts par semaine. C’est un réel succès» déclare-t-il. Même durant la période scolaire, Bruno Lucien trouve le temps de confectionner ses 60 camembrays à la semaine «pour faire un camembert digne de ce nom, il faut du temps. La conception est simple, mais c’est très difficile à obtenir. Pour le moment, ce n’est pas encore le fromage que je souhaite. Même si maintenant j’arrive à avoir un vrai résultat. Qui plus est, j’écoute chaque conseil de mes clients afin d’améliorer mes produits. Toute critique est bonne à prendre» assure-t-il.

À terme et si l’activité se développe, Bruno Lucien devra engager un salarié pour qu’il puisse répondre à cette forte demande. Pour le moment, ce n’est pas la peine d’en faire tout un fromage. En effet, Bruno Lucien souhaite perfectionner encore plus son savoir-faire grâce à une formation dans le pays du camembert, la Normandie. Bruno Lucien étant toujours sur les terres du Pays de Bray, n’hésitez-pas. Entre la poire et le fromage, allez à la Ferme de la Vieille-Rue, rue des Sables rouges à Lachapelle-aux-Pots, pour déguster le fameux camembray.

DORIAN ALINAGHI (l'Oise Agricole, 10 août 2017)

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 17/05/2021