Etiquettes Sans Ethique.

ÉTIQUETTES SANS ÉTHIQUE.

Les étiquettes présentées ici passent outre la représentation des médailles qui désigne habituellement et dévotement la reconnaissance des hommes de l’art. Elles contournent à leur profit cette étape souvent nécessaire qui jalonne habituellement le chemin de la notoriété. Dépourvues de ces préoccupations terre à terre, elles s’auto glorifient allègrement et sans autre justification que leur bon vouloir. Le péremptoire et l’affirmation sont leur seule vertu, elles assument ce postulat avec fierté. Sans la moindre gêne, ces étiquettes puisent avec délice dans la symbolique la plus avantageuse, le triomphe, la renommée, la nation… s’affichent ici comme des vérités et comme des héritages. Elles ne se compromettent pas avec des récompenses reconnues et avérées, elles ne tombent pas non plus dans le commun et le trivial, ici pas de vache, pas de fermière, pas le moindre moine débonnaire, et surtout pas de fabrique trop explicite.

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Ces étiquettes clament haut et semble-t-il sans honte le laudatif puisqu’il n’y a pas de contradicteur, chacun ayant la possibilité de faire son choix dans l’inépuisable vivier de la symbolique. Les limites étant franchies, les tabous étant tombés, tout un chacun peut s’attribuer pour lui-même et à sa guise tel symbole installé de longue date et de longue lutte. Le lion royal, l’aigle impérial rejoignent le veau d’or et son avatar le pis d’or; la corne et la fontaine d’abondance font chorus avec les gerbes d’or. Le phénix, le sphinx ou encore le griffon côtoient la colombe de la paix, le centaure la louve romaine.

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Certains camemberts s’enorgueillissent d’être du Pays d’Auge ou plus largement de Normandie, foin de ces mesquineries, ici nous parlons de nation, de mondial, d’univers. Les astres eux-mêmes sont mis à contribution ainsi que les dieux de l’Olympe. Les attributs nationaux y trouvent aussi leur compte, le faisceau du licteur fait cortège à Marianne et à la Semeuse. La république éclairant le monde précède les drapeaux, les lauriers, les palmes et les cocardes. Là, le char de la fortune s’impose comme une évidence. Ici, Sainte Geneviève préserve le ravitaillement parisien dont on suppose qu’il se fait essentiellement de camembert ! Les quatre saisons accompagnent heureusement ces mains serrées qui scellent la coopération du paysan et du bourgeois ou des agriculteurs réunis.

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Toutes les figures tutélaires ayant été utilisées, l’inspiration ne s’affaiblit pas pour autant, les étiquettes s’accaparent aussi les vertus que l’on prête au trèfle, au fer à cheval, ou encore au muguet ; la lune de miel et ses plaisirs est aussi mise à contribution. Dans une moindre mesure, les emblèmes faisant l’unanimité sont sollicités: le cœur, les fraternels anneaux olympiques ou encore la fleur de lys enracinée dans l’histoire. Dans cet univers allégorique, l’évocation remplace l’exactitude, l’exaltation de l’idéal le prosaïque, un peu comme aujourd’hui mais en moins plaisant, le virtuel remplace le concret. Je ferme ici cette parenthèse tyrosémiophile qui, tout en faisant l’apologie de nos chers fromages, nous préservent avec bonheur quelques-unes de nos plus belles étiquettes.

MICHEL COUDEYRE [Camembert-Museum, avril 2012]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 14/02/2023