Tyrosémiophilie et Fukushima

TYROSÉMIOPHILIE ET FUKUSHIMA [Michel Coudeyre]

Les terribles évènements qui surviennent en ce moment à la centrale nucléaire de Fukushima au Japon remettent en mémoire ceux survenus à Three Mile Island dans le New Jersey ou plus récemment à Tchernobyl. Mais si la radioactivité aujourd’hui fait peur, il n’en fut pas toujours ainsi : dans les années 20 la mode du radium et ses bienfaits supposés connut un réel engouement auprès d’un large public ; de l’eau de radium, des crèmes pour bébé, des poudres, des savons, des lotions, des pommades et même des suppositoires au radium destinés à rendre aux membres virils leur vigueur originelle, furent couramment employés. Certains camemberts, comme on peut le voir, n’échappèrent pas à cette vogue qui fut heureusement très brève.

 

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Aux Etats-Unis, les ouvrières de l’US Radium Corporation (les Radium Girls) peignant les cadrans de montres à la peinture fluorescente à base de radium connurent une fin prématurée qui alerta les pouvoirs publics. La pasteurisation connut, elle, un meilleur sort. Bien que sur certaines étiquettes de fromages traités avec du lait pasteurisé on peut lire : « Recommandé aux enfants, gourmets, malades, vieillards » ; on peut comme Pierre Desproges demander « Cherchez l’intrus ». Le ciron (artisou), ce sympathique acarien ou le penicillium roqueforti, cet admirable champignon, sauront, je l’espère, supplanter les inhumains traitements de stérilisation que l’on fait subir à nos gloires nationales. En attendant, ces errements nous ont permis, à nous collectionneurs, de récupérer égoïstement quelques étiquettes.

Michel Coudeyre [Camembert-Museum 31 mars 2011]

 

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021