La Reine Mathilde (Vers 1031-1083)

St-hilaire-01nv (Harcouet-01) St hilaire 03nv harcouet 03

MATHILDE DE FLANDRE

Mathilde est la fille du comte Baudouin V de Flandre et d'Alix de France, une sœur du roi Henri Ier de France. Vers 1051, elle est mariée à Rouen au duc de Normandie Guillaume le Conquérant. Avant son mariage, Mathilde étaitt fâchée de devoir épouser Guillaume qui était un bâtard, c'est-à-dire, un enfant dont les parents ne sont pas mariés ensemble, mais finalement les deux époux s'entendent bien. Ils auront huit enfants. Rappelons qu' au XIème siècle, un mariage princier est rarement le fruit de l'amour, mais un savant calcul pour asseoir son pouvoir, et bien le transmettre de père en fils. En 1066, Guillaume devient Roi d'Angleterre après sa victoire à Hastings sur le roi Harold II d'Angleterre.

Cette même année (1066), Mathilde fonde l'abbaye de Sainte-Trinité. L'église fut dédiée le 18 juin de la même année, par Maurille, archevêque de Rouen assisté des grands dignitaires de la province, en présence du duc Guillaume, de sa femme, et de ses enfants, ainsi que des barons du duché de Normandie. Après la dédicace, le duc présenta à l'autel sa fille Cécile, bien jeune encore, comme religieuse du monastère. Elle resta à l'abbaye où elle fut élevée, et où plus tard elle devint abbesse. De riches donations furent faites à cette abbaye, tant par la duchesse Mathilde que par les puissants seigneurs du duché. La duchesse-reine, donna à cet établissement, par testament, sa couronne, son sceptre, ses joyaux; ainsi qu'une grande quantité d'objets très précieux tels que des vases, des calices, des chandeliers et bien d'autres choses encore... Il fut établi dans cette abbaye des religieuses de l'ordre de Saint-Benoist, choisies parmi les plus illustres familles normandes. C'est ce qui fit donner à cette maison le nom d'Abbaye-aux-Dames. Robert-Courte-Heuse, fils de Guillaume le Conquérant, accorda au monastère de Sainte-Trinité les biens que son père s'était réservés dans le faubourg de Calix ainsi que  la pêche de l'Orne. la réunion de ces diverses concessions forma la baronnie de Saint-Gilles. Robert-Courte-Heuse, qui avait refusé la couronne de Jérusalem, revint en normandie, et fit présent à l'église de la communauté du grand étandard qu'il avait conquis sur les Sarrazins, à la bataille d'Ascalon, où il avait fait des prodiges de valeur. cet étendard fut déposé dans l'église abbatiale; Il fut fondé aussi pour cette abbaye, une foire qui durait trois jours, permettant à l'abbesse de percevoir des droits. À sa mort le 02 novembre 1083, la Reine Mathilde, comme elle l'avait souhaité, fut enterrée dans son abbaye. Un magnifique tombeau lui fut érigé dans les caveaux de l'église, mais en 1562, les calvinistes le détruisirent et les dépouilles mortelles de Mathilde furent dispersées.

En 1961, les ossements de la Reine Mathilde, conservés à l'Abbaye-Aux-Dames de Caen furent étudiés. La taille de la reine a pu être déterminée grâce à son fémur, elle mesurait 1m52 et non pas 1m27 comme cela avait été rapporté de manière erronnée.Elle était aussi physiquement très mince. Duchesse de Normandie de 1050 jusqu'à sa mort, elle devient Reine d'Angleterre le 25 décembre 1066 et couronnée en l'Abbaye de Westminster le 11 mai 1068.

L abbaye-aux-Dames Tombeau de mathilde

Le 12 mars 1819, le comte de Montlivault, assisté de Mgr l'évêque de Bayeux, fit rétablir le mausolée de la reine Mathilde avec cette inscription : "Ce tombeau renfermant les dépouilles mortelles de l'illustre fondatrice de cette abbaye, renversé pendant les discordes civiles et déplacé depuis une longue série d'années, a été restauré conformément aux voeux des Amis de la Religion et des Arts".

Dans son livre "La reine Mathilde dans la légende" publié en 1897, l'auteur  J. Lair, ancien directeur de la société des Antiquaires de Normandie, avance que la reine Mathilde fut attachée par son époux Guillaume par les cheveux à la queue de son cheval et trainée dans la rue, et que face à l'indifférence des habitants de cet endroit elle s'écria "Oh quelle froide rue !" d'où le nom de la rue Froide qui s'appelait jadis Froide rue. Huet, qui, dans ses "Oriqines de Caen", en 1703, parle d'une croix, la Croix pleureuse, bâtie à l'extrémité de la rue de Vaucelles, à l'entrée des plaines de Cormelles, croix ainsi nommée en mémoire de ce que Mathilde, femme de Guillaume le Conquérant, ayant été persuadée par le comte du Mans de demander à son mari le tribut des bâtards, le prince. bâtard lui-même, se sentant offensé de ces paroles, l'attacha par les cheveux à la queue de son cheval et la trama jusqu'au lieu où est cette croix. Une légende qui va persister pendant neuf siècles avant d'être remise en cause.

Tapisserie de Bayeux

La Tapisserie de Bayeux, ou tapisserie de la Reine Mathilde : D'après une autre légende, Mathilde aurait donné l'ordre de tisser la célèbre tapisserie de Bayeux, dite aussi la Tapisserie de la Reine Mathilde, réalisée par des moines. Les historiens ont cru pendant longtemps que cette tapisserie avait été réalisée par Mathilde elle-même et ses dames de compagnie. Néanmoins, des recherches plus récentes, menées par des historiens spécialistes de la période médiévale à l’Université de Caen, démontrent que la tapisserie de Bayeux aurait plutôt été réalisée dans le Kent, en Angleterre, immédiatement après la bataille. Pour d’autres, elle a été brodée à l’abbaye de Saint-Florent-de-Saumur (49), qui comportait alors l’un des ateliers textiles les plus perfectionnés de l’époque.

La Tapisserie de Bayeux aurait été commanditée par Odon de Bayeux (l’Evêque de Bayeux de 1049 à 1097 et demi-frère de Guillaume Le Conquérant), pour orner la nef de la Cathédrale de Bayeux qui fut achevée en 1077. La réalisation d’un tel travail aurait demandé deux ans, et aurait été fabriqué comme œuvre didactique à la gloire de Guillaume Le Conquérant. La plupart des personnes étant analphabètes à l’époque, un ouvrage visuel comme celui-ci, permettait de s’adresser à toutes les populations. Il est également moralisateur, puisqu’on y retrouve un Guillaume Le Conquérant prônant le Bien contre un Harold traître et fourbe, figure du Mal. Confectionnée entre 1066 et 1082, elle s’étend sur 68,30 mètres et a une hauteur de 50cm et pèse 350kg.
Chaque scène comportant une légende en latin, à la manière d'une bande dessinée de nos jours.

 

Date de dernière mise à jour : 16/04/2021