Vimoutiers, Marie Harel et Moi.
Ici, au temps des Gaulois, une forêt de chênes centenaires et de hêtres s’étendait à la place de l’actuel Pays d’Auge. Au IVème siècle, une modeste église fut construite sur les bords d’un cours d’eau qui s’appelait et qui s’appelle toujours «La Vie». Autour de l’église, la ville prit alors le nom de «Vicus Monasterii» ce qui signifie le bourg de l’église, avant de s’appeler définitivement Vimoutiers au XIXème siècle.
Ah! Vimout comme nous l’appelions avec la famille et les copains… «Tu vas à Vimout ce week-end ? Non ? Bon ! Tu me refiles les clés alors» C’était notre havre de paix à nous parigots stressés… Que de souvenirs et que du bonheur… Ici point de monuments marquants et inoubliables. Tout a été presque détruit par les américains pendant la seconde guerre mondiale. La richesse de cette cité, si vous voulez tout savoir, ce sont ses hommes et ses femmes travailleurs, rudes et infatigables, ainsi que cette nature omniprésente qui aura toujours son mot à dire. Et puis la floraison des pommiers au mois de mai ! Quel régal pour les yeux ! Cela ne dure que quinze jours, mais suffit à mon bonheur. Les gens d’ici, il faut prendre le temps de les connaître et leur laisser à eux aussi le temps de vous jauger et peut-être de vous apprécier. La confiance et l’amitié ça se mérite. Calme et authenticité, c'est aussi ça le vrai charme de Vimoutiers... Aussi loin que se porte votre regard, tout est à vous. Enfin, une petite pensée à mon ami Georges Bonnet et à tous les autres : amis, voisins, commerçants que j’apprécie énormément. Sans oublier le magasin de bricolage, le passage obligé de tout parigot qui se respecte, surtout après les dégats de l'hiver, Vacher et ses croissants fondants, servis à l'accent so britishhhh. Bon ! maintenant parlons de choses sérieuses … Parlons fromage… Je voulais surtout dire camembert.
La fabuleuse histoire de Marie Harel :
Laboureur chez Jean Perrier, fermier du domaine de Beaumoncel, Jacques Harel épousa le 10 mai 1785 à Camembert Marie Catherine Fontaine, dont le père, Jacques Fontaine était apparenté à Jean Perrier. Marie Harel Fontaine fut engagée par Jean Perrier, qui lui confia les travaux de laiterie : Soins du laitage, fabrication du beurre et du fromage selon la coutume locale, et aussi la vente de ces produits sur les marchés de Vimoutiers et Argentan. En 1791, un prêtre réfractaire s’en vint demander asile à Beaumoncel, où il séjourna discrètement. L'un des petits-fils de Marie Harel-Fontaine, Victor Paynel raconte : « C’est ce prêtre qui, ayant observé ma grand-mère qui fabriquait ses fromages, lui enseigna une recette qu’il connaissait ». C’est en suivant ses indications que Marie Harel Fontaine créa un nouveau fromage. Différent de sa fabrication habituelle par la mise en forme du caillé, sans le briser et l'égoutter au préalable, et à l'aide d'un pochon (sorte de louche). L'égouttage de ces fromages était très lent (plus de 48 heures) ; la pâte en était tendre et souple, le salage léger; après une semaine, la surface se couvrait d'une mince pellicule grasse, bientôt recouverte par une fine moisissure aux reflets bleuâtres. Ce fromage était moins gros, il demandait moins de lait que la fabrication habituelle. Les premiers essais furent consommés au domaine, les conclusions favorables à leur poursuite, et à un essai de vente sur le marché de Vimoutiers. Les nouveaux fromages y furent appréciés. La fabrication était lancée; on constata bien vite que la vente en était plus facile, avec un temps de fabrication réduit et un meilleur rapport qu'avec le traditionnel « angelot ». Mais de nombreuses difficultés durent être surmontées. Ces fromages étaient fragiles; leurs manipulations exigeaient de nombreuses précautions ; ils étaient plus sensibles à la chaleur et aux insectes, et le soleil était leur ennemi. La saison chaude venue, il fallait arrêter cette fabrication très fragile pour la reprendre avec les températures plus fraîches de l'automne. Entre temps fut reprise la fabrication de l'angelot.
Marie Harel-Fontaine initia ses trois filles à la fabrication du beurre et des fromages, "Angelot" et "Camembert". En 1798, elle créa un dépôt de vente en Argentan, chez Madame Trouvé, rue de l’horloge. Les trois ménages : Paynel, Jouenne et Serrey, poursuivirent la fabrication des fromages et contribuèrent à la vulgarisation du Camembert, ainsi que les petits enfants et Madame Morice, filleule de Thomas Paynel, qui établit à Lessard la première fabrique de camembert du Calvados. C'est Thomas Paynel qui introduisit le camembert dans la ville de Caen, en 1815, chez Madame Chalange, rue de la Monnaie. A cette occasion, le camembert reçut le titre de « Citoyen de la ville de Caen ». Cyrille Paynel, fils de Thomas, s’installa vers 1840 à la ferme de l'église à Mesnil-Mauger, où il fut le plus important fabricant de camemberts de l'époque. L’Association Normande décerna à plusieurs reprises des encouragements et des médailles à Maurice Paynel, notamment en 1846. [Extrait du mensuel Le Pays d'Auge]
Date de dernière mise à jour : 11/02/2022