l'Armistice 1918-2018
Illustration "Le Petit Journal" du 12 juillet 1914, Assasinat de l'archiduc François-Ferdinand
Le 28 juin 1914, l'archiduc François-Ferdinand est assassiné à Sarajevo. Point de départ de la première guerrre mondiale. Dans un terrible enchaînement, les déclarations de guerre se succèdent. Par le jeu des alliances, le conflit européen dégénère en un conflit mondial qui oppose, parmi ses acteurs majeurs, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, la Russie et les Etats-Unis d'un côté; l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie et la Turquie de l'autre. Le 1er août 1914, la mobilisation générale est ordonnée en France ainsi qu'en Allemagne. Le sentiment général est que le conflit ne durera pas longtemps. À une guerre de mouvement succède une guerre de positions. De nouvelles armes sont testées pour la première fois comme par exemple les gaz asphyxiants. Huit millions de français sont mobilisés entre 1914 et 1918. Parmi eux, un million et demi de jeunes hommes ne revirent jamais leur village natal. Les femmes, avec beaucoup de courage, prirent le relais des hommes dans les champs et les usines. En ce 11 novembre 2018, nous fêtons les cent ans de la signature de l'Armistice. Même si nos poilus ont tous disparus, ils sont encore vivants dans notre mémoire collective.
GEORGES CLEMENCEAU (1841-1929)
« Le Père la Victoire » a joué un rôle éminent pendant la Grande Guerre, à la tête de l’exécutif français et lors des négociations du traité de Versailles dont il a été l’un des grands artisans. En 1913, dans le journal L’HOMME LIBRE qu’il a fondé, on peut lire un article va-t-en-guerre intitulé « Vivre ou mourir » qui exhorte les jeunes à partir « au-devant de la mort affreuse » pour une cause qui « paraitra si belle » que l’on tombera content. La conduite de la guerre opposera Clémenceau au gouvernement et à l’état-major. Sa détermination le conduira à négliger une proposition autrichienne de paix de compromis, puis, à la tête du gouvernement, à rassembler le pays pour obtenir une victoire totale. « Le Tigre » est alors très populaire chez les poilus, qui le surnomment le vieux. C’est lui qui nomme Ferdinand Foch, maréchal de France et place le commandement allié entre ses mains, contre l’avis de tous. Il obtient sa revanche en présidant la conférence de la paix qui aboutit au traité de Versailles en 1919. Il reste à la tête du gouvernement jusqu’au 18 février 1920.
FERDINAND FOCH (1851-1929)
Fils d’un fonctionnaire languedocien, Ferdinand Foch fit ses études, au gré des mutations de son père, d’abord à Tarbes et Rodez, puis à Saint-Étienne et à Metz. Quand éclata la guerre de 1870, il s’engagea au 4e Régiment d’infanterie. Ayant choisi de rester dans l’armée, il entra à l’École Polytechnique, et, ses études terminées en 1873, fut affecté au 24e Régiment d’artillerie à Tarbes, avec le grade de lieutenant. Il enseigna à l’École de guerre, dont il devait être directeur de 1907 à 1911, et gravit les échelons de la hiérarchie militaire : lieutenant-colonel en 1898, colonel en 1903, général de brigade en 1907, général de division en 1911, général de corps d’armée en 1913, à la tête du 20e corps d’armée à Nancy.
Quand éclata la Première Guerre mondiale, il participa, dans ce commandement, à la bataille de Lorraine, puis, à la tête de la 9e armée, à la bataille de la Marne ; il prit également part à la « course à la mer ». Nommé à la tête des armées du Nord, il dirigea en 1915 l’offensive d’Artois et, en 1916, la bataille de la Somme. Critiqué sur ses choix tactiques et accusé de conduire des offensives trop lourdes en pertes humaines, il ne fut pas épargné par la disgrâce qui toucha Joffre, à la fin de l’année 1916. Mais au bout de quelques mois, les revers subis par le général Nivelle devaient provoquer son rappel aux plus hautes responsabilités. Tandis que le général Pétain prenait le commandement en chef de l’armée française, le général Foch était nommé « chef d’État-major général ». Au printemps 1918, les Anglais acceptèrent que lui soit confié le commandement unique des troupes alliées. Surpris en mai par l’offensive allemande au Chemin des Dames, il sut reprendre l’initiative et mener les troupes à la victoire. Signataire de l’armistice à Rethondes, le 11 novembre 1918, il défila à la tête des armées alliées, lors du défilé de la Victoire, le 14 juillet 1919.
Ferdinand Foch fut l’un des théoriciens de la stratégie militaire fondée sur l’offensive à outrance à laquelle se rallia l’état-major lors de la Première Guerre mondiale. Il a livré ses conceptions dans quelques ouvrages : Des principes de la guerre (1903), De la conduite de la guerre (1904). Foch avait reçu son bâton de maréchal le 6 août 1918, dignité à laquelle devaient s’ajouter celles de maréchal britannique et de maréchal de Pologne. Il fut élu le jour même de l’armistice à l’Académie des sciences et, dix jours plus tard, le 21 novembre, à l’Académie française, à l’unanimité des vingt-trois votants, au fauteuil du marquis de Vogüé. Pas plus que Georges Clemenceau, qui fut élu le même jour que lui, le maréchal Foch n’avait fait acte de candidature, et il n’avait donc accompli aucune visite. C’est Raymond Poincaré qui le reçut, le 5 février 1920. Mort le 20 mars 1929, le maréchal Foch fut inhumé aux Invalides.
JOSEPH JOFFRE (1852-1931)
Né à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), le 12 janvier 1852. Fils d’un viticulteur aisé, Joseph Joffre effectua ses études secondaires au lycée de Perpignan, puis à Paris au lycée Charlemagne. En 1869, il réussit le concours de l’École Polytechnique. Un an plus tard, il prenait part à la guerre comme sous-lieutenant du génie, et fut affecté à la défense d’un fort parisien. Promu au grade de capitaine en 1876, il fut affecté pendant quelques années à des travaux de fortification dans le Jura, puis revint en poste près de Paris. C’est cependant aux colonies qu’il allait effectuer une grande part de sa carrière. Nommé outre-mer en 1885, il parti d’abord pour le Tonkin, puis pour le Soudan où il fut chargé de diriger la réalisation d’un chemin de fer. Il s’illustra dans la région en devenant maître de Tombouctou et en assurant les bases de la domination française, ce qui lui valu d’être promu au grade de lieutenant-colonel. En 1897, il fut fait colonel, puis, en 1902, après un séjour à Madagascar, reçut ses étoiles de général de brigade. Directeur du génie au ministère de la Guerre, puis divisionnaire en 1905, il fut nommé en 1910 membre du Conseil supérieur de la guerre. L’année suivante, il était choisi pour assumer les fonctions de chef d’État-major général.
C’est son passé de franc-maçon qui lui valut d’être préféré pour ce poste au général Pau dont la tendance «cléricale» était notoire. Dès le début de la Première Guerre mondiale, la France lui fut redevable de la victoire de la Marne. Mais, partisan de la stratégie dite du « grignotage », Joffre, en tant que généralissime, fut cependant comptable du tragique enlisement de nos armées à Verdun, la plus longue et meurtrière bataille de toute l’histoire, et de l’échec de l’offensive de la Somme. Discuté également pour son attitude peu coopérative vis-à-vis du pouvoir civil, il se vit ôter une partie de ses responsabilités et préféra alors démissionner. Il fut remplacé par le général Nivelle. Il fut fait, toutefois, maréchal de France, le 25 décembre 1916, dignité qui n’avait plus été accordée depuis plus de vingt ans. Jusqu’à la fin des hostilités, son rôle allait dès lors de limiter à des missions à l’étranger (au Japon et en Amérique), qui étaient essentiellement de prestige. Il défila aux côtés de Foch et de Pétain, lors du défilé de la Victoire, le 14 juillet 1919 ; et il aurait droit, au terme de ses jours, à de superbes funérailles nationales. Le maréchal Joffre fut élu à l’Académie française le 14 février 1918, à l’unanimité des 23 votants, au fauteuil de Jules Claretie. Son élection marquait la reprise des scrutins, après l’interruption des années de guerre qui laissait neuf fauteuils vacants. L’unanimité qu’il suscita inaugurait véritablement ce phénomène de « plébiscite » qui avait déjà marqué en 1912 l’élection du futur maréchal Lyautey, et que l’on devait appeler les « élections de maréchal ». Reçu le 19 décembre 1918 par Jean Richepin, il assista à la cérémonie, dans son uniforme de général d’armée, et non en habit vert que seuls les ecclésiastiques et les généraux en chefs sont dispensés de porter en la circonstance.
LA BATAILLE DE LA MARNE
Dans la dernière semaine du mois d'août 1914, les allemands commencent à pénétrer en France à partir de la Belgique et du Luxembourg. Le 30 août, les armées Von Kluck et Von Bulow atteignent le niveau de la Somme où le général Joffre le commandant en chef français envisage de livrer la bataille et de bloquer l'offensive allemande sur une ligne Amiens, Laon, Verdun. Mais le recul des troupes françaises et britaniques pose problème. Le 5 septembre l'armée Maunoury attaque de flanc l'armée Von Kluck entre Dammartin-en-Goële et Meaux, dans la vallée de l'Ourcq. Surpris Von Kluck arrête sa progression vers le sud et se retourne vers l'ouest pour faire face à Maunoury dont l'attaque si elle est favorable, risque de séparer la première de la IIe armée allemande.Cependant l'armée Von Büllow continue son mouvement vers le sud alors que sur sa droite l'armée Von Kluck est arrêtée. Une brèche de 30 km de largueur se forme alors entre les deux armées allemandes dans la région de Coulommiers. Sur le reste du front les Allemands attaquent avec vigueur les troupes de Franchet d'Esperey, de Foch, de Langle de Cary et de Sarrail. Malgré les fatigues accumulées pendant la retraite les Français tiennent et contre-attaquent à la grande surprise de leurs adversaires. Près de 2,5 millions de soldats s'affrontent dans les vallées de la Marne et de ses affluents, entre Meaux et Verdun sur 200 kilomètres de front.
Dans la nuit du 7 au 8 septembre, la VIe armée Maunoury reçoit les renforts de 4000 fantassins « frais » acheminés depuis Paris par 700 taxis parisiens réquisitionnés par Galliéni. Pour faire face, Von Kluck demande à Von Bülow de lui renvoyer les troupes qu'il lui avait prêtées quelques jours auparavant. Les Allemands n'ont plus de troupes de réserve, car ils ont affaibli leur aile marchante (la première et la IIe armée) afin d'envoyer des unités pour encercler Anvers et en Pologne pour contrer l'offensive des Russes. Le 7 septembre, les Britanniques s'engouffrent dans la brèche entre la première et la IIe armée allemande. Ils atteignent la vallée de la Marne le 9 septembre dans la région de LaFerté-sous-Jouarre.
Le 8 septembre Von Bülow séparé de sa couverture de droite (Von Kluck) doit reculer en direction de Montmirail. Von Kluck doit faire face à l'attaque de Maunoury à l'ouest et à celle des Britanniques au sud-est. Une inspection venue du haut-état major allemand constate sa situation critique. Le 9 le commandant en chef allemand Von Moltke ordonne le repli général de son « aile marchante ». La IIIe armée allemande qui n'est plus couverte à l'ouest recule devant Franchet d'Esperey et Foch. Les Allemands se retirent sur des positions plus au nord (le Chemin des dames et le plateau de Craonne) où ils commencent à s'enterrer dans des tranchées. La bataille se termine le 11 septembre.
Date de dernière mise à jour : 29/04/2022