Guérinot Paul (Laiterie de Saint-Ange 28)
PAUL GUÉRINOT : LE MOULIN & LA LAITERIE DE SAINT-ANGE, EURE-ET-LOIR 28B.
Le premier acte retrouvé de ce moulin, date de l’époque post révolutionnaire où le moulin « faisant de blé » appartenant au prieuré de Saint-Ange est vendu, en 1792, à Monsieur Fillon Jean-Baptiste. Il change de propriétaire en 1847, après son rachat par un Monsieur Hautenier, et enfin dès 1892, la famille Guérinot, d’origine Vendéenne, se porte acquéreur du moulin, afin d’y installer une laiterie-fromagerie, commercialisant des fromages, du beurre, des produits laitiers puis de la charcuterie. Ce moulin restera la propriété des Guérinot jusqu’aux années 1950-1960.
Monsieur Paul Guérinot père avait vu les choses en grand. C’est une industrie locale qu’il met en place. Il acquiert d’autres moulins proches de Saint-Ange : Au Domaine des Isles paissent déjà tranquillement les vaches qui approvisionneront la laiterie en lait. Celle-ci fonctionne aussi avec le lait de la ferme de Champagne, un hameau situé près de Saint-Ange, ainsi qu’avec le lait de petits producteurs des villages voisins. Au moulin de Mongneau, on moule l’orge qui sert à alimenter les cochons. Au Mesnil, se trouve une importante porcherie où l’on élève les cochons pour la charcuterie, d’où nuisances et plaintes. D’ailleurs, en 1903, le Conseil Général d’Eure-et-Loir, classe les porcheries des Ets Guérinot, dans la catégorie « Ateliers et Etablissements insalubres, dangereux et incommodes », mais autorise néanmoins la société à poursuivre ses activités.
Malheureusement, Monsieur Guérinot père décède jeune. Son épouse, née Roux, prend l’affaire en main avec plus tard l’aide de ses enfants. En 1905, au Concours Général Agricole de Paris, Monsieur Paul Guérinot, laiterie de Saint-Ange, Eure-et-Loir, obtient une médaille d’argent, grand module, catégorie unique, fromages à la crème ou double crème (Neufchâtel, Bondons, Malakoffs…)
Vingt ans plus tard, la société Guérinot est prospère et en plein essor. La modernisation de l’outil de travail en 1924, porte ses fruits. Voici un article de l’Illustration Economique et Financière, qui résume parfaitement la situation :
« Dans un coin pittoresque de la vallée de la Blaise, à Saint-Ange, M. Paul Guérinot avait crée en 1894, dans un ancien moulin, une fromagerie-beurrerie qui, fort modeste à sa fondation, n’a cessé de se développer. Mais, c’est surtout depuis 1924, que l’aménagement des établissements Agricoles P. Guérinot a été complètement modernisé.
Ces établissements travaillent journellement de 6000 à 7000 litres de lait et fabriquent les fromages camembert fins, fromages de Dreux ou crèmes fins, les beurres et les crèmes. L’usine possède une chaudière de 30 chevaux-vapeur, deux turbines hydrauliques de 24 chevaux sur moteur diésel de 30 chevaux, deux écrémeuses de 5000 litres, trois pasteurisateurs de 10.000 litres à l’heure, des barattes-malaxeuses, une vaste installation frigorifique avec chambres froides, pour la fabrication du beurre qui atteint 1000 kgs par jour.
Des caves creusées à flanc de coteau et refroidies à l’aide de machines frigorifiques complètent cette installation. Deux porcheries abritant 1600 porcs par an, sont adjointes aux Etablissements pour l’utilisation des sous-produits, et un troupeau de 30 vaches laitières traités mécaniquement fournissent un lait qui est un fort bon appoint à la fromagerie.
Les camemberts et les fromages de Dreux ou Crèmes fins des Etablissements P. Guérinot ont acquis une grande renommée régionale et les consommateurs reconnaissant des produits seins et d’excellente qualité deviennent chaque jour plus nombreux »
LES FABRICATIONS : COULOMMIERS, PONT-L’EVÊQUE, CAMEMBERTS MARQUES SAINT-ANGE ET « CAMEMBERT DES TROIS ROIS » À titre indicatif, en 1926, (annonce journal) les camemberts DE SAINT-ANGE étaient vendus 30 francs la douzaine franco-gare.
En 1935, le banquier René Jausseaume, directeur de la Banque Commerciale et Agricole à Chartres, comparaissait devant le tribunal pour abus de confiance, escroqueries, et distribution de dividendes fictifs. Les administrateurs de la banque parmi lesquels figurait Paul Guérinot étaient poursuivis pour infraction à la loi sur les sociétés. En 1943, dans un document du ministère de l’intérieur, durant l’occupation allemande, que de nombreux maires sont révoqués ou déclarés démissionnaires d’office comme M. Paul Guérinot, maire de Saint-Ange en Eure-et-Loir.
------------------------------------------------------------------
PAUL GUÉRINOT : FROMAGERIE DE THIVARS-SUR-EURE (EURE-ET-LOIR 28) :
Moulin racheté à la fin du 19ème siècle par Paul Guérinot à la famille Hureau, afin d’être transformé en fromagerie. Dans un courrier daté du 11 juillet 1909, Paul Guérinot demande à la Préfecture le droit d’y installer une porcherie au lieu-dit « Champtier de Vaucelles ». Le 31 juillet 1909, M. Paul Alexandre Guérinot, laitier-fromager à Saint-Ange, commune de Saint-Ange-et-Torcay, cédait à Madame Marie Octavie Justine Ferrand, sans profession, demeurant à Chartres, rue des Grandes Filles-Dieu, n° 79, veuve de M. Simon-Alfred Beaupuis, l’établissement de laiterie, fromagerie et accessoires que M. Guérinot fait valoir à Thivars en environs, ainsi que le fonds de commerce de beurres et fromages, qu’il exploite sur le marché m^me de Chartres qu’en une maison sise même ville, rue du Cygne, n° 21. L’entrée en jouissance est fixée au 1er août 1909. La fromagerie est revendue en 1913 à la société Jonot-Benech & Cie.
Serge Schéhadé [Camembert-Museum, janvier 2016]
Date de dernière mise à jour : 17/11/2021