Coopérative de Landisacq (61)
LAITERIE COOPÉRATIVE DE LA VALLÉE DE LA VISANCE, LANDISACQ 61
Une coopérative laitière dans l’Orne ? Mais quelle est donc cette curiosité ? En effet la presse consacrait le 21 novembre 1912 un article à cette nouvelle laiterie le jour de sa «fausse» inauguration. Ainsi pouvait-on lire :
« Une coopérative agricole de laiterie, la première de la région, a été fondée non loin de Flers, dans la vallée de la Visance, près de Landisacq. On a procédé dimanche dernier à une sorte d’inauguration de l’usine. Ce n’était pas en effet, à proprement parler, une inauguration, car l’usine, bien que fort avancée, n’est pas encore en état de fonctionner. Il s’écoulera bien quelques semaines avant que les premiers produits soient fabriqués. Mais les nombreux visiteurs qui étaient appelés à la parcourir ont pu se rendre compte de l’importance de l’installation. Un ingénieur de la maison W. Qui a fourni le matériel, expliqua comment le lait fourni par les cultivateurs des environs serait rapidement et scientifiquement transformé en beurre, et ce fut une bien intéressante leçon de choses. Le lait, à son arrivée à l’usine, sera d’abord versé dans un réchauffeur élévateur capable de débiter 6000 litres à l’heure. Le réchauffeur distribuera ensuite le lait entre deux écrémeuses Alexandra, du modèle le plus perfectionné, qui peuvent traiter chacune 2500 litres à l’heure.Voici la crème séparée du lait. Cette opération a été si vite faite que les cultivateurs qui sont venus apporter le lait, pourront remporter le petit lait qu’ils emploieront à la nourriture de leurs animaux, veaux et porcs. Avec une faible dépense, on peut en effet, donner au petit lait une grande valeur alimentaire. Pendant ce temps la crème voyage. Elle passe par une canalisation en cuivre étamé dans des bacs de maturation basculants où un système de réfrigération la ramène à la température qu’elle doit avoir pour être transformée en beurre. Elle est à point, elle est mûre, elle passe dans une baratte malaxeuse Grasso, et bientôt voilà le beurre qui est prêt à être livré sur le marché et à être expédié au loin.Telles sont les opérations principales de la fabrication, mais, à côté, il existe un outillage accessoire non moins intéressant ? C’est la machine à vapeur, d’une force de douze chevaux, qui distribue la force motrice dans l’usine. C’est l’appareil frigorifique qui jouera un grand rôle pour la conservation des beurres etc. Cette entreprise paraît appelée à un bel avenir. Les cultivateurs de la région ont compris les grands avantages qu’ils peuvent retirer de l’association.Il n’y a qu’à les louer de leur initiative. Ils se proposent d’abord de faire profiter la population de Flers des progrès de leur installation. Ils doivent en effet, livrer le beurre à Flers au prix de gros. C’est encore ce dont il faut les féliciter. Enfin la Coopérative de la Visance qui produira, grâce à son outillage perfectionné, des beurres de toute première qualité, ne pourra que contribuer à la renommée des produits normands".
Pendant la Grande Guerre au début de l’année 1918, certaines denrées alimentaires manquent. Pour répondre aux besoins des consommateurs, et dans un esprit citoyen, la Laiterie Coopérative de la Visance, fera déposer et mettre en vente chez Madame Clérembault, rue de la Harpe à Flers 3000 litres de lait écrémé par semaine, au prix de 10 centimes le litre, au moins 600 fromages blancs à 30 centimes pièce et 300 demi-kilos de beurre à 4f50.
Rappelons enfin, comme le mentionne Gérard Clouet dans un article consacré à la laiterie de Cerisy-Belle-Étoile que les locaux et les terrains de la Coopérative de Landisacq appartenaient à Paul Brand et à son épouse Germaine Léon, et qu'ils furent vendus en 1951 au prix de 1 million de francs, avec une clause interdisant à l'acquéreur d'y établir une industrie laitière.
Serge Schéhadé [Camembert-Museum, le 1er décembre 2021]
Date de dernière mise à jour : 08/12/2021