Historique Fromagerie Blanchet Charles (55)

Blanchet-55 (Pillon 55nv) Meuse 1735nv (Abbaye Chatillon)

BLANCHET CHARLES.  [FROMAGERIE DE CHATILLON-L’ABBAYE, PILLON 55]

HISTOIRE DE L’ABBAYE DE CHÂTILLON : L’Abbaye de Chatillon fut créée par Alberon de Chiny en 1153. Il fut Evêque de Verdun de 1131 à 1156, il mourut le 2 novembre 1158. L’abbaye de Chatillon fut détruite par les démolisseurs révolutionnaires, le 30 janvier 1791. Le mobilier de l’abbaye et le bétail des écuries seront vendus et, le 4 mai suivant, l’abbaye avec aisances et dépendances est adjugée à Nicolas Liégeois de Pierrepont, pour 45 900 livres payables en assignats. L’acquéreur fera démolir l’église abbatiale en 1792, il ne restera plus alors que les bâtiments du fermier. Durant l’hiver 1924, Monsieur Charles Blanchet, recherche un bâtiment pour installer une fromagerie. Par bonheur, il rencontre Mr Baudvin des fermes de Bellefontaine qui lui indique l’Abbaye de Chatillon, située au bord de la rivière de l’Othain sur la commune de Pillon (Meuse). Il entre en relation avec le propriétaire Monsieur Altemaire de Pillon, et va louer tous les bâtiments du corps de ferme.

LA FROMAGERIE : C’est en décembre 1924 très exactement, que monsieur Charles Blanchet, va créer une petite industrie de transformation du lait à Chatillon l’Abbaye, probablement la première dans ce secteur (Source : Almanach de l’abbé Jullot, curé de Mangiennes, 1925). Dans sa monographie, M. Blanchet expose les raisons qui l’ont amené à choisir le site de Chatillon pour y installer sa laiterie. Précisons que M. Blanchet était ingénieur agronome, diplômé de l’Ecole de Grignon, et que son choix a été déterminé en fonction de critères techniques mais aussi économiques qu’il maîtrisait parfaitement. Compte tenu des moyens de transport et de conditionnement des produits laitiers à cette époque, force est de reconnaître que le choix de Chatillon, situé au milieu d’une petite région herbagère était judicieux.

Les quantités de lait traitées au quotidien avoisinaient les mille litres seulement. À l’époque, chaque producteur se contentait de transformer individuellement le lait de son petit troupeau et parfois du lait acheté à des voisins dans des fermes environnantes. Dès le premier jour de fonctionnement de la fromagerie, Monsieur Barthélémy des fermes D’Haudeville va assurer une livraison de plus de 100 litres de lait, Monsieur Jacquin de Billy, était le premier des producteurs. Les autres fournisseurs de lait venaient des villages de Mangiennes, Pillon, Villers, Nouillonpont, Muzeray, et Saint-Laurent. Parmi les produits fabriqués alors par Monsieur Blanchet, on peut citer un fromage de camembert portant la marque « Véritable Camembert de l’Abbaye de Châtillon ». Ce dernier produit du terroir était très apprécié dans toute la région Lorraine, et encore plus à Paris où il était vendu aux Halles centrales par l’intermédiaire de mandataires ; un des plus grand hôtels de la capitale en débitait jusqu’à trois caisses par semaine. N'oublions pas aussi la marque de fromage « Le Père Barnabé » et une marque de beurre « De l’étable à la table ». Quatre ans plus tard, nous voilà en février 1928, un incendie va ravager la totalité de la laiterie, l’atelier de fabrication, le bureau et les archives. Un petit détail mais d’importance, Monsieur Charles Blanchet était seulement locataire des lieux.

Abbaye-Chatillon.jpg

Les dernières traces de la fromagerie Charles Blanchet [Photo Bernard Wagner 2011]

L'INCENDIE DE LA FROMAGERIE : En février 1928, un journal local de la Meuse, relate l'incendie qui a ravagé la fromagerie de Monsieur Blanchet. En Voici quelques extraits : " L’incendie de la fromagerie de l'abbaye de Chatillon, près de Spincourt. Un incendie d'une violence inouïe s'est déclaré dans la nuit du 15 au 16 courant, vers 3 heures du matin, dans la fromagerie qu'exploitait M. Charles Blanchet, ingénieur agricole, ayant pour dépendances les locaux bien connus de la vieille Abbaye de Chatillon, dont l'origine remonte à 1153.
Le signal d'alarme fut donné par M. Godfroy, conseiller municipal de Longwy, qui, aidé de son fils et de l'appariteur municipal, réussirent très rapidement à avertir la population de Pillon, distante de 1.300 mètres environ et organisèrent immédiatement son transport par automobiles. Sur le lieu du sinistre nous avons remarqué M. Loison, maire de PilIon, qui fut le premier à diriger les secours et dont la perspicacité et l'esprit de décision permirent d'enrayer le sinistre. La compagnie de sapeurs-pompiers fit admirablement son devoir, sous les ordres et l'énergique impulsion du lieutenant Gaujard, de MM. Michel et Muller ; elle arriva en très peu de temps à circonscrire le sinistre en faisant la part du feu. Peu après, la compagnie de Sorbey, mandée en toute hâte, mettait sa pompe en batterie et exerçait, elle aussi, une action efficace. La brigade de gendarmerie de Billy pratiquait avec vigilance le service d'ordre.
Grâce à la courageuse et dévouée population qui, de toutes parts, arrivait, le mobilier put être sauvé. Le personnel de la laiterie ; MM. Godfroy et Lesquois, les voisins, M. Altemaire Léon et Altemaire Pol, aidés de leurs dames et des demoiselles Pierrard, se consacrèrent avec zèle à l'enlèvement des principaux objets.  A signaler aussi la probité de Mlle Odile Henry, qui, au milieu des décombres, découvrit une liasse de billets de 100 francs qu'elle s'empressa de remettre à M. Blanchet. Les dégâts sont très importants et sont couverts par des assurances, notamment la Caisse Départementale des Incendiés de la Meuse. Contrairement à ce que certains journaux indiquaient, les automobiles et la porcherie n'ont pas été la proie des flammes. Les causes du sinistre restent inconnues".

NEUVILLY-EN-ARGONNE, NOUVEAU SITE DE PRODUCTION : Suite à cet accident, M. Blanchet se trouve dans l’obligation de retrouver un autre site s’il veut continuer son activité fromagère. Ne trouvant aucun bâtiment sur le secteur de Châtillon, il va fixer son choix en 1928, sur le village de Neuvilly-En-Argonne, (Hameau de la Lochères), où habitaient ses beaux-parents, lesquels exploitaient une importante ferme. Charles Blanchet y installe une nouvelle fromagerie, l’activité reprend et se développe, jusqu’à ce que survint la guerre dans les années 1939-1940, et le drame… M. Blanchet sera fusillé par les Allemands lors de leur retraite, le 30 septembre 1944.

Blanchet-552 (coq 552nv) Blanchet-555 (coq 555nv) Blanchet-556 (coq 556nv) Blanchet-558 (coq 558nv) Blanchet-560 (coq 560nv)

meuse-429.jpeg Barnabé Père 1 (Coll. B.W.) Barnabé Père 2 (Coll B.W.) Meuse-1721nv (Neuvilly-Argonne) Meuse-1751nv (coq doré 08)

Suite au décès de son mari, c’est Madame Gilberte Blanchet, née Gilberte Henry (1), qui va prendre la direction de la fromagerie de Neuvilly-En-Argonne pour une période allant de la fin de l’année 1944 à 1948. Ensuite, c’est sa fille Colette, épouse Martin (2) qui prendra la relève et ce jusqu’en 1955, avant de céder l’usine à Monsieur Gilbert Boscher (3), qui maintiendra l’activité du site jusqu’au début des années soixante.

(1) Mme Blanchet, née Gilberte Henry (1903-06 décembre 1984).

(2) Colette Blanchet (19 janvier 1928-29 septembre 2009) épousa M. Jean Martin, lieutenant dans l’armée, le 25 juillet 1945. Ce militaire de carrière allait servir loin d’elle en Indochine, puis en Algérie. Une petite fille viendra embellir leur foyer en 1955, décidant ainsi Mme Colette Blanchet à céder l’entreprise familiale à M. Boscher.

(3) Gilbert Boscher était le fils de Paul Boscher, fabricant à Aubréville, usine située à quelques kilomètres seulement de Neuvilly-En-Argonne.

 

 

N.B : Sur l’ étiquette de camembert de l’abbaye de Chatillon, imprimerie: LITH.E. DEPIERRE LISIEUX , un tampon à été ajouté (45% matière grasse fabriqué en lorraine), cela nous indique que Mr Charles Blanchet a réutilisé cette étiquette après avoir quitté l’Abbaye de Chatillon .

Bernard Wagner [Camembert-Museum, le 26-08-2011]

Serge Schéhadé [Camembert-Museum, le 01-11-2014]

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 18/02/2021