SADLA, SOCIETE AUXILIARE DE L 'ALIMENTATION (11, rue de la Boétie, Paris 75)

Sadla cp1 40 bvd voltaire

SOCIÉTÉ AUXILIAIRE DE L'ALIMENTATION , SADLA [PARIS 75]

La Sadla fut créée en 1899 par un groupe d'épiciers de province en vue de lutter contre les grandes épiceries parisiennes (Potin et autres) et contre les roulottiers. Au début la Sadla ne comptait que 79 adhérents. Elle en compte 800 en 1910. Au début la Sadla n'était qu'une coopérative d'achat au capital de 500.000 francs, dont un quart versé,et elle se bornait à grouper les commandes des sociétaires. Mais l'expérience selon Monsieur Lepère, l'actif et intelligent gérant de la Sadla, a prouvé que pour acheter dans de bonnes conditions il fallait acheter ferme un stock de marchandises. La société a donc élevé son capital jusqu'à 5 millions de francs. Elle a créé un entrepôt où sont conservées les marchandises acquises en gros et destinées à être revendues aux sociétaires.Tant que la société s'est bornée à servir d'intermédiaire entre les fabricants et les détaillants, les commandes reçues et transmises au fur et à mesure de leur réception n'étaient souvent pas assez importantes pour permettre d'obtenir des remises avantageuses. En constituant un approvisionnement, la société put acheter en gros, donc à bon compte, et revendre au demi-gros. Les achats aux fournisseurs sont réglés comptant; les détaillants-acheteurs règlent à 30 ou 60 jours.Le bénéfice brut sur les ventes n'est en moyenne que de 2 1/2%; le bénéfice net que de 0,60%; et néanmoins la Sadla a pu pour les derniers exercices distribuer aux actionnaires des dividendes de 18 à 20% sur le capital versé. La Sadla se recrutant presque exclusivement parmi les commerçants des départements n'a pas hésité à engager à Paris la lutte contre les grandes épiceries (Félix Potin, Julien Damoy, Couté etc.), sur le terrain même des opérations de ses concurrents. Elle a consacré plusieurs centaines de milliers de francs à la reprise et à l'agrandissement d'une épicerie, 40, boulevard Voltaire; elle a ouvert, au 68 avenue de Neuilly, une deuxième succursale et enfin elle fait construire au coin du boulevard Raspail et de la rue de Sèvres un vaste édifice dont elle louera les étages supérieurs, mais dont le rez-de-chaussée et les sous-sols seront aménagés pour l'installation d'un grand magasin de vente et de ses dépendances. La Sadla favorise l'apprentissage par l'octroi de bourses destinées à assurer aux jeunes gens le bénéfice d'une sérieuse éducation professionnelle. Des sociétés filiales dites Unions sadlistes se sont créées chacune au capital social de 10.000 francs divisé en actions de 100 francs. Ces Unions rendent des services multiples: surveillance de l'apprentissage,véri-fication des feuilles d'impôts,prêts,ouvertures de crédit, escompte du papier de commerce de leurs membres (1)

La Société Auxiliaire de l’Alimentation, SADLA, est définitivement constituée le 21 décembre 1908, à Paris. Le siège social est établi 11, rue de la Boétie, avec un capital social de 3,8 millions de francs divisé en 38000 actions de 100 francs chacune. La société a pour objet d’acheter et de vendre, avec ou sans commission, en gros ou en détail soit pour le compte de la société, soit pour le compte de ses actionnaires ou des tiers, tous les produits alimentaires généralement quelconques et toutes espèces de marchandises rentrant dans le commerce de l’épicerie. Acheter tous immeubles pour la construction, la création, et l’aménagement d’une grande maison de vente de produits alimentaires à Paris et en province. Faire toutes opérations de banque, produire et fabriquer tout ce qui rentre dans l’objet social. Le conseil d’administration est composé de 8 à 15 membres, nommés pour six ans, et propriétaires chacun de 100 actions au moins. Les administrateurs étaient M. Barbier, Béchu, Brégé,Carraud, Favre, Robinet, Jacques, Jossand, Lepère, Peltier, Perdu, Petit, robert et Saillard. Ces statuts furent publiés par l’Annuaire Desfossés des valeurs cotées du 01 janvier 1910.

Le Banquet de la SADLA, le 20 juin 1910,  a eu lieu, à l'hôtel Continental, sous la présidence de M. Paul Delombre, ancien ministre, le banquet de la Sadla, dénomination sous laquelle est plus particulièrement connue la Société Auxiliaire d'Alimentation. Cette union constitue une coopérative originale, où les marchandises achetées en gros sont réparties entre les membres, épiciers, mis ainsi en mesure de prospérer, en dépit de concurrences redoutables. Les initiatives privées, soutenues par l'association, se voient de la sorte maintenues et stimulées. Plus de trois cents sadlistes, venus des points les plus divers des départements,avaient répondu à l'appel,et ce fut au milieu des applaudissements de l'assemblée entière que M. Saillard, président de la Sadla, constata les progrès croissants de l'œuvre de mutualité féconde, à la tête de laquelle, bien que simple polytechnicien, il a été placé. Un hommage particulièrement éloquent a été rendu, dans ce discours, à la chambre de commerce de Paris, qui sut récemment défendre avec une si opportune activité les intérêts du commerce menacés. Grâce à l'organisation postale qui sous cette heureuse impulsion fut instituée, le pays vit à la fois ses relations sauvegardées et ses réserves d'énergie affirmées. M. Charles Legrand, trésorier de la chambre de commerce de Paris, a dit combien celle-ci serait touchée de cette manifestation de gratitude. La France, a-t-il dit, recèle d'abondantes ressources, non seulement matérielles, mais en outre intellectuelles et morales. On est en droit de compter sur elles. Chez les sadlistes, un tel langage était certain de rencontrer l'adhésion unanime. M.Charles Le-grand a été très applaudi. Puis M. Henri Lepère, ancien président de la Sadla, a prononcé un piquant discours, où le fin lettré qu'il est l'a disputé à l'historien. Chaque année,M. Lepère venge ainsi spirituellement l'épicerie et les épiciers des moqueries qu'on leur prodigua jadis.Mais ce temps est loin. M.Paul De-nombre a dit en quelle estime est tenu maintenant le travail, quelle influence légitime exerce le commerce, et combien on doit souhaiter, pour le relèvement intégral de la France, l'essor croissant de cette démocratie laborieuse. Les toasts n'ont pas manqué. Plusieurs ont été portés aux dames qui sont la grâce rayonnante et le sourire des assemblées de la Sadla.

Paris-120nv (Sadla 01)

Dans le Figaro du 22 décembre 1910, G. Davenay écrivait : LES GRANDES MARQUES «SADLA» 11, rue de la Boétie. Ce nom La Sadla, doit s'inscrire comme un acrostiche. On s'est en effet servi pour le composer des initiales de la Société Auxiliaire de l'alimentation, fondée en 1899, détachées et juxtaposées. Telle est l'origine de cette marque célèbre qui, apposée sur un produit, constitue aujourd'hui la meilleure garantie de supériorité. La Sadla, en effet, qui comprend actuellement 850 maisons d'épicerie fine, parmi les plus importantes de .France, qui possède à Paris deux maisons, 40, boulevard Voltaire et 66, avenue de Neuilly, ne fabrique aucun des produits alimentaires qu'elle met en vente elle s'approvisionne elle-même des meilleurs produits connus et elle leur apporte en outre la recommandation de son estampille. Ainsi chacun sait, en faisant emplette des produits Sadla, qu'il achète des produits irréprochables, choisis avec un soin méticuleux. Aux dîners de Noël et du Jour de l'an, à toutes les fêtes et réceptions qui vont se succéder, les produits Sadla vont connaître un surcroît de triomphe. Les crus succulents de Champagne Sadla, les cognacs d'origine, le fameux triple-sec Sadla, les caramels, les bonbons, les thés directement importés de Chine, les jambons, les célèbres plum-cake, tous ces produits délectables et supérieurs figureront sur toutes les tables. Il n'est pas qu'à Paris où ils seront dégustés, car ceux qui n'ont point, en province, la bonne fortune de posséder un Sadliste à proximité, s'adresseront à la Sadla, 11, rue de la Boétie, qui leur enverra ses catalogues et un échantillon des fameux triple-sec et chocolat SADLA, dont la renommée est si justifiée dans la France entière.

Sadla (la boucherie) Sadla (la boucherie 2)

En 1914, la France est en guerre, la Société Auxiliaire de l'Alimentation, organise une exposition des colis qui seront envoyés sur le front aux soldats pendant les fêtes de Noël. Ainsi on peut lire dans l’Intransigeant du 13 décembre 1914 : Le Noël du Soldat est l’œuvre si intéressante dont nous avons expliqué, dans nos colonnes, le fonctionnement, qui permet à chacun d’associer ses petits soldats à cette fête de famille qu’est Noël. Les amoncellements de marchandises et de colis préparés par la Société Sadla avec le concours de la Maison Saupiquet de Nantes, et de divers fabricants pour être expédiés au front de manière sûre et rapide, seront exposés demain dimanche 13 novembre dans les magasins de la Sadla, 48, boulevard Raspail (à l’angle de la rue de Sèvres). Tous ceux, et ils sont nombreux, qui s’intéressent, au bien-être, de nos défenseurs témoigneront qu’ils ne restent pas indifférents à l’accueil sympathique réservé par le public au Noël du Soldat en faisant une visite à cette exposition.

Veilleuse Sadla

Sadla chromos 01 Sadla chromos 02

Sources : (1) Le Petit Commerce Français : sa lutte pour la vie, Martin Saint-Léon, 1911.

Serge Schéhadé [Camembert-Museum, le 09 avril 2021]

Date de dernière mise à jour : 09/04/2021