ENOS Beurrerie Carentan (50)

Carentan le port

BEURRERIE DE LA MAISON ENOS, CARENTAN [50]

Maison fondée en 1863 par Monsieur Ferdinand-Edouard Enos, négociant en beurres, vice-consul de Suède et de Norvège à Carentan.

Il est fait mention de la maison ENOS au 37ème Congrès d’Isigny en 1869. Il est dit « Monsieur ENOS n’opère pas sur des quantités aussi considérables que la maison Lepelletier de Carentan. Le mode de préparation et d’expédition n’est pas non plus complètement identique. Il envoie des beurres frais, demi-sel et salés en boîtes, pots et barils. Il exporte ses produits à Londres ainsi que dans les principales villes anglaises suite à des accords avec des négociants anglais, ce qui lui évite ainsi d’avoir recours à des intermédiaires et correspondants pour vendre ses beurres. Voici quelques chiffres pour l’année 1868 : expédition de 14,000 boîtes de beurre, 5000 pots, et 4000 barils, représentant un poids total 1,475,000 kilos de beurre pour une valeur de 4,300,000 francs.

Le mode de préparation et d’expédition de Monsieur ENOS exige un plus grand nombre d’ouvriers que s’il expédiait l’ensemble de sa production en barils.Il emploie 20 ouvriers , payés 3,25 francs par jour. Pour ses expéditions, Monsieur ENOS doit acheter chaque année pour 10,000 francs de calicot, un tissu de coton grossier et résistant. Une partie de sa marchandise est expédiée par voie ferrée, la liaison entre Carentan et Southampton étant irrégulière. Ses beurres doivent voyager promptement et arriver à des dates fixes. Son concurrent direct, la maison Lepelletier de Carentan était propriétaire de ses propres bateaux pour acheminer au Havre le beurre salé exporté en Angleterre ou au Brésil.

Monsieur ENOS achète des beurres sur les marchés de Carentan, Isigny et Sainte-Mère Église, et ses agents parcourent toute la contrée pour acheter des beurres dans les fermes. A son arrivé dans l’établissement de M. ENOS, le beurre est étalé sur des tables afin d’être examiné avec le plus grand soin. Celui qui est inférieur est renvoyé aux agents. Le beurre de bonne qualité est mis dans des jattes pour procéder à l’opération de salage, dans des pièces parfaitement aérées où la fraîcheur est maintenue en permanence. Les jattes font de 7 à 8 mètres de long, et fabriquées avec le tronc d’un arbre creusé. Dans chaque jatte trois ou quatre hommes mélangent le beurre et le sel jusqu'à ce que ce mélange soit complet. Après cette opération, le beurre est enfermé dans des barils fabriqués à Carentan, Isigny et à Sainte-Mère-Eglise. Pour l'exportation au Brésil (Rio-Janeiro), les barils sont emmagasinés à part, ils contiennent 20 kilogrammes de beurre et chaque extrémité est recouverte de plâtre pour empêcher le contact de l'air. En 1866, M. ENOS est récompensé d’une médaille d’argent grand module décerné par le ministre de l’agriculture.Il a également obtenu une médaille d’argent à l’Exposition Internationale du Havre. L’entreprise était prospère.

Le 10 juin 1876, suite au décès de Ferdinand-Edouard Enos, l’étude de M° Lemasson, avoué à Saint-LÔ, est chargée de la vente d’une grande salerie à beurre, située à Carentan, dépendant des successions des époux Ferdinand-Edouard ENOS. Le premier lot comprenait Un corps de bâtiment comprenant maison d'habitation, écurie, remise, buanderie, chambre au premier et grenier, petite cour à usage de volière, un jardin anglais ; 2° un grand bâtiment à usage de magasin et dépôt de marchandises, grande salerie à beurre, magasin à sel, une salle devant et deux chambres, mansardes et grenier, grande cour, un jardin anglais avec pompe dans ladite cour; le tout borné par la rue des Prés, Madame Dombreval, le deuxième lot ci-après, dont il est partagé par une ligne droite partant de la rue allant rendre au mur du jardin du côté de Madame Dombreval. Deuxième lot : un corps de bâtiment, composé de maison d'habitation où se trouvent une cuisine, salle à manger, vestibule; an premier étage, des chambres, un salon, des bureaux, des mansardes au-dessus; derrière ce bâtiment existe une laverie, magasin à beurre, salerie, réfectoire d'ouvriers, greniers sur le tout ; une autre salerie à beurre, magasin à paniers vides, magasin à sel avec greniers au-dessus, enfin un hangar à côté; une cour et jardin anglais, cabinet d'aisance, un bassin avec jet d'eau, salle verte, une pompe à eau,le tout borné par le premier lot, la rue des Prés, le sieur Ruault, Madame Dombreval. DOUZIÈME et dernier LOT. Immeubles sis à Carteret, Arrondissement de Valognes. Une pièce de terre en herbage, contenant environ 23 ares, sise au hâvre de Carteret, et protégée par un mur de soutènement en glacis. Cette vente a été ordonnée suivant : 1° un jugement rendu par le tribunal civil de Saint-Lô, en date du 31 décembre 1875, confirmé par un arrêt de la cour de Caen ; 2° et un autre jugement rendu par le même tribunal, le 17 mai 1876, sur la poursuite de M. Frédéric-Edward ENOS, Propriétaire, domicilié à Carentan, lequel a constitué pour son avoué M° LEMASSON , demeurant i Saint-Lô ; Contradictoirement avec : M. Ferdinand ENOS, Négociant, demeurant à Lisieux, agissant comme tuteur datif de Mlle Mary-Jane-Irma ENOS et le sieur Ferdinand-Gustave ENOS, frère et sœur, ayant M° Auguste POTTIER pour avoué. En présence de M. Adolphe CONTENT, marchand sellier-carrossier à Carentan, agissant comme subrogé-tuteur desdits mineurs ENOS, représenté par ledit M° Pottier avoué.

SOURCES : Journal de l'Arrondissement de Valognes 1876.

Serge Schéhadé [Camembert-Museum, le 1er juin 2021]

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 02/06/2021